Deux ans après avoir accédé à l'indépendance, le Soudan du Sud est-il en passe de vivre ses premiers couacs ethniques, mettant en danger son unité ? Les affrontements font rage, depuis une semaine, entre communautés rivales, les Lou Nuer et les Dinka d'un côté, et les Murle de l'autre, dans l'Etat de Jonglei (dans l'est du pays) où quelque 200 personnes y ont été blessées, selon Tony Lanzer, coordinateur humanitaire de l'ONU pour le Soudan du Sud. Le Jonglei, et plus particulièrement le département de Pibor, est le théâtre récurrent de violences tribales. Selon des témoins, les milices Dinka et Lou Nuer ont mobilisé des milliers d'hommes pour combattre les Murle. Leur différend : le vol de bétail. Mais le phénomène est devenu incontrôlable. Les razzias traditionnelles se sont transformées en combats mortels, et les hommes ne se contentent plus de voler le bétail : ils massacrent leurs rivaux, brûlent des villages et violent les femmes. « Nous n'avions jamais connu cela dans le Jonglei », assure un travailleur humanitaire. Pour faire face, l'armée sud-soudanaise avait déployé 15.000 soldats au Jonglei avec pour objectif : récupérer les armes qui ont été distribuées pendant les 20 ans de la guerre civile. Au Darfour, dans l'autre Soudan, la situation n'est pas meilleure. Sept Casques bleus ont été tués et 17 blessés, samedi, dans l'attaque la plus meurtrière ayant touché la force conjointe de maintien de la paix ONU-Union africaine (Minuad) depuis cinq ans. Selon le porte-parole par intérim de la Minuad, Christopher Cycmanick, l'équipe afro-onusienne s'est retrouvée sous le feu d'un important groupe non identifié près d'une base de la Minuad située à Manawashi, au nord de Nyala, principale ville du Darfour. Par la voix de son porte-parole, Martin Nesirky, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a vigoureusement condamné cette attaque « odieuse », exhortant le gouvernement soudanais à agir « rapidement » pour traduire en justice les responsables ». La faction Minni Minnawi de l'Armée de libération du Soudan (SLA-Minnawi), un des groupes rebelles du Darfour, a accusé, hier, une milice pro-gouvernementale d'avoir mené l'attaque. Selon Abdullah Moursal, porte-parole de la milice, « cette zone est entièrement sous contrôle gouvernemental ».