Les Maliens, qui ont voté dans le calme, dimanche dernier, connaissent le résultat du premier tour de la présidentielle. Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, 68 ans, n'a pas été élu dès le premier tour comme l'a laissé croire, mardi, la « sortie » du colonel Moussa Sinko Coulibaly, le ministre de l'Intérieur, pour préparer l'opinion à une victoire du candidat du Rassemblement pour le Mali, dès le premier tour. « IBK a une large avance sur ses concurrents, si ces écarts sont confirmés, il n'y aura pas de second tour », dit-il provoquant colère et indignation des autres candidats. Le Kankeletigui (l'homme qui n'a qu'une parole), comme le surnomment ses partisans, n'a pas décroché la barre fatidique des 50% des voix plus une. Il n'a obtenu que 39,24% des voix, selon le colonel Moussa Sinko Coulibaly. Il doit affronter, le 11 août prochain, Soumaïla Cissé, 63 ans, le candidat de l'Union pour la République et la Démocratie qui est arrivé second avec 19,34%. Grosse surprise de ce scrutin qui a vu un taux de participation estimé à 51,54%, soit le plus élevé au Mali depuis l'avènement de la démocratie dans ce pays en 1991. Dramane Dembélé, le candidat du plus grand parti malien, l'Alliance pour la démocratie au Mali, n'a recueilli que 9,59% des suffrages. Modibo Sidibé, un ancien Premier ministre comme IB Keïta, a obtenu 4,9%. Les 23 autres candidats se sont partagé les voix restantes. IBK, le candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2002 et 2007, face à Amadou Toumani Touré, serait-il aux portes du Palais de Koulouba ? Pas évident. Lors du second tour, son avance actuelle de 20 points pourrait s'avérer insuffisante. Une chose est sûre, les voix de Dramane Dembélé et Modibo Sidibé, soit 14,5%, se reporteront sur Soumaïla Cissé. La raison ? Ils sont membres du Front pour la démocratie et la République, coalition de partis et de mouvements de la société civile créée après le coup d'Etat du 22 mars 2012. Les autres candidats pourraient appuyer également cette coalition qui est appelée aussi « TSIBK » (Tout sauf IBK). Quel qu'il soit, le nouveau président aura la lourde tâche de relever un Mali économiquement exsangue et, surtout, de réconcilier des communautés plus divisées que jamais.