Dans un nouveau rapport, établi en septembre, dont une copie a été obtenue par l'APS, le département d'Etat américain s'est dit « inquiet » de la poursuite des violations des droits de l'homme au Sahara occidental par les autorités marocaines, affirmant avoir informé le Congrès de cette question. Davantage impliquée dans ce dossier, la Chambre des représentants a mis en place, en août dernier, le groupe parlementaire du Sahara occidental « Western Sahara Caucus » visant à défendre le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, et à la protection des droits des Sahraouis dans les territoires du Sahara occidental occupé par le Maroc. Sans complaisance aucune, les Etats-Unis dénoncent « les entraves qui empêchent l'accès aux territoires sahraouis par les organisations des droits de l'Homme, les journalistes et les représentants de gouvernements étrangers ». Le Maroc, qui fait fi de toutes les dénonciations internationales, continue, selon le texte, à exercer des « restrictions excessives » à l'encontre, en particulier, du droit de réunion pacifique et de publication qui prônent l'indépendance ou un référendum qui inclurait l'indépendance comme option ». « Les personnes arrêtées pour avoir protesté contre l'intégration du Sahara occidental au Maroc ne bénéficient pas souvent d'un procès équitable », note le document, en allusion au procès scandaleux de l'affaire Gdeim Ezzik dont ont été victimes plusieurs militants sahraouis. Dans le chapitre des violations, le département d'Etat soutient que plusieurs organisations des droits de l'homme sahraouies ont des difficultés à obtenir les agréments ou à fonctionner librement. C'est le cas, notamment, cite le document, de l'association sahraouie des victimes des violations graves des droits de l'homme (ASVDH) et le collectif des défenseurs des droits de l'homme au Sahara occidental (Codesa), dirigé par Mme Aminatou Haidar. Washington, qui ne se contente pas de critiquer les abus marocains, entend faire pression sur le roi Mohamed VI, dans l'espoir d'un règlement définitif de la question de la décolonisation. Selon le document, toute aide financière et militaire à destination de Rabat sera dès lors liée aux « mesures prises par les autorités marocaines en matière de respect des droits des personnes d'exprimer pacifiquement leurs opinions concernant le statut et l'avenir du Sahara occidental ». Le département d'Etat devrait soumettre un rapport aux comités budgétaires relevant de la Chambre des représentants et du Sénat, pour débloquer son aide financière. Le Maroc est également appelé à élaborer un rapport sur la situation des droits de l'homme des Sahraouis pour bénéficier de l'aide américaine. Les Etats-Unis avaient, rappelle-t-on, proposé, en avril dernier, au Groupe des « Amis du Sahara » (Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Espagne) un avant-projet de résolution stipulant l'introduction de l'instrument de la surveillance des droits de l'homme au sein de la Minurso, mais qui avait été bloqué par la France.