La moudjahida, qui a tenu à remercier Mme Toumi qui l'a encouragée à écrire ce livre, a affirmé avoir passé, à l'instar de tous les Algériens, des moments difficiles pendant la guerre de libération nationale au cours de laquelle elle a perdu des êtres chers. Ce livre est un devoir vis-à-vis non seulement des martyrs de la guerre, mais aussi de son pays et de sa jeunesse. « J'ai voulu être la plus rigoureuse et la plus proche de la réalité possible pour que les jeunes sachent ce que leurs parents ont subi et qu'elle a été leur résistance avant et pendant la guerre. Je voulais également dire que le mot « Bataille d'Alger » est l'œuvre des services psychologiques de l'armée française, parce qu'une bataille suppose l'existence de deux armées à forces égales. Ce qui n'était pas le cas, parce que le peuple n'avait, pour se défendre, que ses mains, sa volonté et l'amour de sa terre ». Elle a souligné avoir eu la chance d'être encore vivante et d'avoir assisté au jour de l'indépendance du pays recouvrée grâce à la solidarité et à la fraternité de tout un peuple. La moudjahida a, par contre, regretté qu'après l'indépendance, des moudjahidine ont réclamé des villas et des postes : « Cela n'existait pas chez nous. Au plus fort de la guerre, personne ne pensait qu'il y aurait un Algérien qui réclamerait, une fois l'indépendance acquise, un quelconque avantage ». A la question de savoir pourquoi elle a attendu cinquante-trois ans pour écrire ses mémoires, elle a précisé qu'au lendemain de l'indépendance, la guerre a totalement dévasté notre pays, qui était aussi privé de sa petite élite formée après la Seconde Guerre mondiale. « Au recouvrement de la souveraineté nationale, notre premier souci était de construire le pays. On a estimé de notre devoir de nous impliquer dans l'édification de notre jeune république. On portait, certes, en nous une immense tristesse, mais la joie d'être libres et le devoir de construire notre pays nous ont imposé de la refouler pour aller de l'avant ». En ce qui concerne les déclarations de Bernard Henri Levy, la moudjahida a expliqué que celui-ci avait une arrière-pensée sioniste.