« La mascarade électorale qui vient de se dérouler ne règle en rien la crise politique. Elle enfonce plutôt le pays davantage dans la crise », indique Ahmed Ould Daddah, avant d'exiger « de nouvelles élections, organisées sur des bases consensuelles (et) qui soient à même de sauvegarder l'unité du pays et sa cohésion sociale ». La COD qui a boycotté ce double scrutin – le premier depuis 2006 - pour dénoncer son organisation « unilatérale et sans garantie de transparence » - même si le taux de participation (plus de 75% au premier tour et 72% au second), dément cette accusation - annonce la couleur. « Nous n'accepterons pas n'importe quel dialogue car nous avons été, plusieurs fois, trompés. Nous n'accepterons qu'une concertation réfléchie, bien étudiée et répondant à des exigences claires », affirme son président qualifiant d'« énorme » le « déficit de confiance » existant entre eux et le pouvoir. Pour rassurer et le pouvoir et ses sympathisants, il écarte « toute intervention extérieure pour régler la crise ». « Nous devons apprendre à résoudre nos problèmes par nous-mêmes », insiste-t-il. Comme pour enfoncer le clou, Jemil Ould Mansour, le président du Rassemblement national pour la réforme et le développement (RNRD-Tawassoul), tient les mêmes propos qu'Ould Daddah. « Ces élections n'apporteront aucune solution à la crise politique à cause des énormes irrégularités qui les ont marquées et du boycott d'une partie de l'opposition », explique-t-il. Fort de ses résultats - le parti islamiste qui a suspendu sa participation à la COD et obtenu 16 sièges au Parlement - demande l'ouverture en « urgence » d'un « dialogue national pour résoudre cette crise qui dure depuis le coup d'Etat » perpétré en août 2008 par le renversement par le président Ould Abdel Aziz de Cheikh Sidi Ould Abdallahi, le premier chef d'Etat démocratiquement élu. Un dialogue qu'il compte mener conformément aux textes, en qualité de président de l'opposition, une instance constitutionnelle dirigée par le parti de l'opposition disposant du plus grand nombre de sièges à l'Assemblée nationale. Cette instance était, jusque-là, occupée par Ould Daddah. Tawassol qui est, officiellement, financé par les contributions de ses militants mais alimenté en réalité par les pays du Golfe, via la solidarité des associations d'obédience islamiste, réussira-t-il avec l'appui des dix députés du Parti de l'entente démocratique et sociale (EL Wiam), dirigé par Bodiel Ould Houmeïd, ancien ministre sous le régime de Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya, des sept élus de l'Alliance populaire progressiste de Messaoud Ould Boulkheïr, président de l'Assemblée nationale en exercice, et des quatre députés de l'AJD-MR à peser sur les décisions du Parlement ? Pas sûr. D'autant que cette « intention » ne semble la sienne. Surfant le « Printemps arabe », la première force d'opposition et deuxième force politique a en ligne de mire, l'élection présidentielle qui se tiendra en juin 2014.