Cinq partis d'opposition mauritaniens ont appelé, jeudi, la commission électorale à « corriger ses erreurs » sur les élections des 146 députés et des 218 conseils municipaux du 23 novembre, avant le second tour du 7 décembre. « Nous demandons à la commission électorale nationale indépendante (CENI) qui a confirmé son incapacité de corriger ses erreurs sur les élections législatives avant le second tour prévu le 7 décembre, sinon nous serons obligés de revoir notre position vis-à-vis des élections dans leur ensemble », déclare Messaoud Ould Boulkheïr, le président de l'Alliance populaire progressiste (APP) et de l'Assemblée nationale sortante, avant de suggérer au pouvoir et à l'opposition de s'en débarrasser. « C'est le meilleur service qu'on rendrait à ce pays », dit-il en s'exprimant au nom de cinq partis qui ont participé au double scrutin (APP, Renouveau démocratique, El-Wiam démocratique, As-Sawab et Tewassoul un parti islamiste légalisé en 2007). A l'origine de cette méfiance ? Le changement des résultats, l'ignorance du décompte des urnes, l'absence de procès-verbaux. Certains responsables de l'opposition, comme Ould Daddah, le président de la Coordination de l'opposition démocratique (COD), un collectif d'une dizaine de partis politiques, parlent de « hold-up » réalisé par un « vote archaïque aux relents ethniques et tribaux, qui va prolonger la crise politique dans laquelle se débat le pays depuis plusieurs années ». La CENI avance deux « arguments » pour expliquer ce retard dans la publication des résultats : « la complexité du vote » et « l'immensité du territoire national ». « Nous avons un travail fastidieux (...) mais nous sommes très avancés », rétorque Bedenne Ould Sidi, le directeur des opérations électorales de la CENI, à Ould Boulkheïr, sans donner toutefois la date de la publication des résultats. « Les résultats de 200 communes sur 218 sont déjà disponibles, beaucoup de résultats sont également terminés pour la députation », dit-il sans donner ni les chiffres ni les tendances. Comme les délais de recours sont de huit jours, il sera difficile, selon les experts, de maintenir la date du second tour. Selon certains médias mauritaniens, Tewassoul, le parti que dirige Jemil Ould Mansour, est le grand gagnant de ce double scrutin. Il talonnerait de près l'Union pour la République, le parti présidentiel.