« Comme chaque année, la célébration de la Journée internationale de la femme m'offre l'opportunité de partager avec vous un moment où votre long combat pour la promotion de votre condition et de votre statut est mis à l'honneur, et où nous évoquons le souvenir de toutes celles qui ont pris part, grâce à leur engagement et leur sacrifice, à l'avènement de l'Algérie indépendante. Cette date nous inscrit dans l'universalité de nos engagements internationaux. Elle est pour nous, chaque année, l'occasion de mesurer le chemin parcouru, de consolider les acquis et d'inventer ensemble un avenir meilleur pour les femmes algériennes. Nous célébrons le 8 Mars cette année à la veille d'une échéance électorale majeure et décisive pour notre pays, dans un environnement régional perturbé et marqué par l'incertitude. Chacune et chacun devra se prononcer selon ses convictions, en toute indépendance pour choisir celle ou celui qui devra présider aux destinées de l'Algérie. Le droit de vote a été parmi les premiers droits consacrés par la Constitution. Plus qu'un droit, il a été exercé comme un devoir. Le premier devoir qu'implique l'exercice de la citoyenneté. La volonté politique a toujours accompagné cet engagement citoyen des femmes algériennes par l'adhésion et la ratification des instruments internationaux, par la levée progressive des réserves en matière de protection et de promotion de la femme, mais également par la construction d'un système normatif prenant en compte sa place et son rôle dans tous les domaines. C'est dans cet esprit que le code de la famille, le code de la nationalité et le code pénal ont été amendés et la loi organique portant représentation des femmes aux assemblées élues a été adoptée, permettant d'harmoniser notre législation nationale et de l'intégrer dans le cadre référentiel de non discrimination qui la régit. A cet égard, il convient de souligner avec force que notre pays a été soucieux de tendre au maximum au respect de l'égalité constitutionnelle entre les femmes et les hommes. A ce propos, je me permets de revenir sur les grands textes adoptés récemment en faveur des femmes et qui sont tout à l'honneur de notre pays. Il s'agit de la révision constitutionnelle de 2008 et du code électoral de 2011 qui ont permis aux femmes de disposer du tiers des sièges à l'Assemblée populaire nationale. C'est là un acquis de taille, une consécration de cet équilibre qu'il faut constamment rechercher : la juste cohabitation des droits, ceux de l'homme et ceux de la femme. Il nous importe que se crée et se consolide dans l'opinion nationale, une dynamique en faveur de l'émergence des femmes, hors de leur statut traditionnel. L'évolution des mentalités est cruciale pour la promotion des femmes et chaque acte symbolique qui contribue à cette évolution est à saisir parce que l'égalité théorique doit s'accompagner d'une égalité effective, seule susceptible de lui octroyer un caractère irréversible. Les femmes parlementaires contribuent, désormais, par leurs expériences diverses, à l'enrichissement de l'arsenal législatif tendant à resserrer la cohésion sociale en général, et à favoriser la promotion des droits des femmes en particulier. Au niveau des assemblées locales, la présence des femmes apporte une valeur ajoutée à la mise en œuvre des politiques de développement local, leur implication dans les actions visant à assurer l'accès des femmes rurales à l'alphabétisation, aux crédits et à la santé et leur proximité avec les populations sont un gage de succès de ces politiques. Les femmes apportent, au sein du gouvernement, plus de pragmatisme à l'action de l'Exécutif et contribuent, avec la sensibilité qui est la leur, à l'élaboration des stratégies d'insertion sociale et à leur mise en œuvre. Cette visibilité influe, par son impact, sur l'opinion nationale et ancre dans les mœurs, l'indispensable concours des femmes à la vie politique et économique. C'est un acte pédagogique important, pour notre société, en général et pour nos petites filles et nos petits garçons, en particulier. A force de voir des femmes gérer, légiférer et diriger, nos petites filles s'identifieront et s'engageront plus facilement dans l'édification du pays. Comme nos petits garçons habitués à voir des femmes diriger ne nourriront aucun complexe, arrivés à l'âge adulte, à partager le pouvoir. La féminisation, après l'enseignement, la santé et l'administration, gagne de nouveaux secteurs grâce à la pugnacité des femmes et à la volonté politique dont nous les avons accompagnées. Nous avons, de manière constante, veillé au respect du principe de non-discrimination entre les femmes et les hommes en le consacrant dans nos textes, notre politique et nos actes. Mais, ici et là, demeurent quelques résistances pour lesquelles notre responsabilité collective est engagée, et sur lesquelles il faudra agir par l'éducation, la communication, le dialogue, la médiation mais, aussi, par la coercition. Mes pensées, aujourd'hui, vont vers les plus vulnérables d'entre vous, victimes, à un moment de leur vie, d'un handicap, d'un divorce, de violence, ou d'exclusion. Notre société reste, et nous nous en félicitons, une société solidaire où l'entraide n'est pas un vain mot, mais lorsque l'accompagnement familial, conjugal ou social fait défaut, l'Etat solidaire se doit d'intervenir. C'est, à la fois, son rôle, sa mission et sa responsabilité. Le code de la famille amendé en 2005 a permis d'introduire davantage d'égalité entre les conjoints, une meilleure protection des enfants mineurs et plus de cohésion familiale. Néanmoins, il reste perfectible sur certains aspects matériels, comme les difficultés rencontrées par certaines mères divorcées, ayant obtenu la garde des enfants mineurs, pour le recouvrement de la pension alimentaire destinée à assurer l'entretien de ces enfants. Le refus ou l'impossibilité pour le père d'en assurer le versement porte atteinte à la dignité de la femme et aux droits fondamentaux des enfants et appelle des solutions dignes d'un Etat solidaire. J'instruits, à cet égard, le gouvernement d'engager une réflexion sur la possibilité d'instituer un fonds destiné aux femmes divorcées ayant la garde des enfants mineurs confrontées à ces problèmes. La violence à l'encontre des femmes est un phénomène qui prend de l'ampleur. Elle est souvent le résultat d'un délitement du lien familial et social. Cette situation est inacceptable et nous devons trouver les mécanismes adéquats pour la contrer efficacement. Le débat a déjà été engagé par les institutions concernées et par les associations des femmes confrontées à cette dure réalité, dont je salue ici la mobilisation citoyenne. L'installation par le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme d'une commission de suivi de la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre la violence à l'encontre des femmes, adoptée par le gouvernement en 2007, participe de cette responsabilité partagée de l'Etat avec la famille et la société civile. J'instruis le ministre de la Justice pour engager, sous son autorité, la mise en œuvre des recommandations de cette commission, soit par un renforcement des dispositions pénales, soit par une loi, ce qui permettrait le parachèvement du dispositif de protection des femmes entamé en 2004 par le durcissement des dispositions du code pénal sur le harcèlement sur les lieux de travail. Nous avons toujours encouragé les femmes à s'investir davantage dans le secteur économique et nous ne pouvons que nous féliciter de leur présence de plus en plus importante dans le monde de l'entreprise. Je voudrais, à cette occasion, saluer l'adoption de la Charte de la femme travailleuse à l'occasion de la rencontre sur le travail des femmes, qui a regroupé, récemment, le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, et les associations et les partenaires sociaux. Aboutissement d'une démarche collective et consensuelle, ce texte va contribuer à renforcer la participation de la femme au développement économique et social du pays. La société algérienne, la famille et les femmes évoluent dans un monde en perpétuelle mutation où les idées, les images et les modèles de sociétés circulent à des vitesses qui posent inévitablement des questions sociétales. Il nous appartient de suivre le sens de ces mutations, d'en comprendre les messages, et d'y répondre intelligemment en accord avec nos engagements internationaux et nos spécificités. L'inauguration, en 2013, du Centre national d'étude, d'information et de documentation sur la famille, la femme et l'enfance participe, avec le Conseil national de la famille et de la femme installé en 2006, de ce travail d'éclairage et d'aide à la décision. J'engage ces deux instances à poursuivre cette mission dans l'intérêt bien compris de notre société, en vue d'assurer une plus grande ouverture sur la modernité et une plus grande cohésion sociale. Ce sont là quelques idées que je tenais à partager avec vous. Le chemin reste encore long. D'autres défis vous attendent. Soyez attentives aux signaux qui vous parviennent de façon à faire œuvre commune avec les bonnes volontés qui vous portent et portent ce pays dans leur cœur pour l'éternité.