Ould Abdel Aziz, l'actuel président de la République et de l'Union africaine, Ibrahima Moctar Sarr (IMS), le chef de l'Alliance pour la justice et la démocratie, et Biram Ould Dah Ould Abeid, le militant anti-esclavagiste et lauréat du prix des Nations unies pour la cause des droits de l'Homme en 2013, sont déjà en course. Comme la date butoir de dépôt des candidatures est fixée au 7 mai, d'autres prétendants au Palais ocre de Nouakchott, tel Mohamed Jemil Mansour, le leader de Tawassol, le parti des frères musulmans, pourraient se prononcer dans les prochains jours. Sans attendre l'ouverture de la campagne électorale (6 juin-19 juin), la Coalition de la majorité présidentielle peaufine déjà sa stratégie. Donné favori, Mohamed Ould Abdel Aziz, son candidat, ne compte pas plier devant les exigences de l'opposition. Comme le report du scrutin qu'il n'estime pas « pertinent ». « Si certains ont l'intention de boycotter la présidentielle, je n'en ferai pas partie, je présenterai ma candidature à l'élection présidentielle ». Même s'il n'est pas rassuré de la transparence de la prochaine élection, IMS, qui en est à sa troisième candidature (7, 95% des voix 2007 et 4,57% en 2009) estime qu'il faut y aller pour poser les questions nationales que les autres candidats pourraient éviter. « Si l'AJD/MR ne peut pas empêcher l'élection de se tenir, il ne va pas la boycotter », dit-il, précisant que son parti ne sera pas contre le report du scrutin si cela fait l'objet d'un consensus entre le pouvoir et l'opposition. Le député promet une chose : son parti ne va pas faire de la figuration. « J'irai, assure-t-il, jusqu'au bout de notre programme, du combat de notre parti » (unité nationale, cohésion des ethnies et recouvrement par les Négro-Africains de leurs droits à l'égalité et à la justice). Biram, dont la candidature n'est portée par aucun parti, y croit. « Plusieurs milieux et groupes de Mauritaniens dans les centres urbains, le monde rural, au sein de la diaspora, m'ont proposé d'être candidat à l'élection présidentielle. J'ai décidé d'accepter que mon nom incarne la volonté commune de changement pour un total respect des droits fondamentaux de chacun », disait-il, fin janvier dernier. Et de préciser : « je suis un défenseur des droits humains. Ma proposition d'alternance est celle d'un rassemblement de forces et de citoyens issus des associations, du mouvement social, du monde syndical, de courants politiques qui aspirent à l'unité et la cohésion du pays. Nous voulons leur dire qu'une Mauritanie unie et porteuse de la dignité de chaque citoyen est possible. Elle se réalisera dans l'égalité de naissance et devant nos lois, la parité homme-femme, le respect du droit international, la protection de l'étranger et la prohibition de l'extrémisme, vecteur de violence ». Le Front national pour la démocratie et l'unité (un collectif de 17 partis de l'opposition, 10 centrales syndicales, des organisations de la société civile) dénonce l'agenda « unilatéral » du pouvoir. Incapable de faire plier ce dernier, l'opposition qui a demandé le report de cette présidentielle qu'il veut « transparente et consensuelle », lance, après sa décision de suspendre sa participation au dialogue, un appel au boycott. Pour expliquer l'échec d'un dialogue qui a suscité l'espoir de sortir le pays du marasme, il pointe du doigt le pouvoir. A ce dernier, il reproche d'avoir porté un coup fatal à la concertation avec son entêtement à maintenir la date du 21 juin, son refus de former un gouvernement consensuel et de créer une commission électorale indépendante. Le FNDU « est entré, de bonne foi (...) dans un dialogue avec le pouvoir, en vue de parvenir à des solutions consensuelles. Au terme d'efforts intenses déployés dans ce sens, il nous est apparu que le régime reste attaché à « ses lignes rouges » tel qu'annoncé par le chef de l'Etat ». L'opposition, qui a signé en 2009 un accord avec le pouvoir à Dakar pour mettre fin à la crise consécutive au renversement, par le général Ould Abdel Aziz, de Sidi Ould Cheïkh Abdallah, laisse entendre qu'elle ne sera pas « flouée » cette fois.