« Le diwane constitue le parfait brassage des cultures africaines, arabo-musulmanes et amazighes en Afrique du Nord et, notamment, en Algérie », a indiqué, dimanche dernier, Abdelmadjid Bougheraba, enseignant à l'université de Béchar. « Pour pérenniser son existence et résister aux affres de la mondialisation, l'instauration d'une école, en tant que courant musical, s'impose », a-t-il ajouté lors d'une conférence ayant pour thème : « La dimension humaine dans le rituel du Diwane ». Il a affirmé que le Diwane de l'Afrique du Sud et celui de l'Afrique du Nord sont différents ; le premier exprime la mal-vie (comme le blues aux Etats-Unis) l'autre porte un message de soufisme. « Les apports de ces mêmes cultures ont permis à cet art musical et chorégraphique populaire de s'enrichir davantage, de résister aux aléas du temps et d'être un pan important de la culture nationale » a-t-il souligné. L'inspecteur de musique, Abdellah Meziane, a plaidé pour la création d'écoles de musique pentatoniques en Algérie pour pouvoir faire sortir et faire connaître la musique Diwane au-delà de ses limites géographiques. « Il fut une époque où il était interdit de faire sortir le Guimbari de son périmètre géographique » a-t-il rappelé. C'est pour cette raison que le concept de Diwane est resté sur place. Pour le faire connaître, M. Meziane recommande de faire sortir le Diwane de son contexte religieux et traiter d'autres thèmes. « La « sortie » du contexte religieux ne va aucunement dévaloriser » a-t-il assuré. Pour sa part, Aoulech Mokhtar, musicologue, estime que « la musique Diwane est en train de se démocratiser ». « Elle s'inscrit dans l'innovation et s'installe de plus en plus dans l'identité algérienne », a-t-il ajouté. De toutes les pratiques musicales spirituelles nationales, selon ses propos, « c'est celui qui a connu un vif et rapide succès auprès des jeunes et des mélomanes, grâce à son ancrage dans la société et à l'intérêt que lui portent actuellement les différentes catégories de musiciens et autres artistes. » Amari Hamdani, commissaire du festival national de la musique Diwane, se veut optimiste. Il a évoqué l'apparition, ces dernières années, d'ateliers de fabrication des différents instruments de musique et costumes de cérémonie, à Bechar et dans d'autres régions. Cela révèle d'une dynamique et d'un réel attachement de toute une génération de jeunes artisans et artistes à leur patrimoine culturel. Pour les intervenants, seul un classement au patrimoine national de cet art traditionnel peut contribuer à la sauvegarde de toute la culture Diwane, devenue une partie essentielle de la culture nationale.