S'il y avait bien une personne qui était déçue après la défaite face à la Belgique, c'est bien Rabah Saâdane. Rencontré mardi soir à l'hôtel Holiday Inn de Belo Horizonte, l'ancien driver des Verts a bien voulu nous donner son analyse sur cette rencontre. Comment ne pas l'être alors qu'on avait la possibilité d'arracher au moins le nul. Notre équipe était pourtant bien organisée notamment sur le plan défensif avant de flancher en seconde mi-temps. Cela est dû essentiellement à la fatigue. Il ne faut pas oublier qu'au moment du coup d'envoi il y avait de la chaleur et un taux d'humidité élevé. Et dans de telles conditions, il faudrait savoir gérer ses efforts. Il fallait garder le ballon le maximum de temps possible afin de ne pas trop se fatiguer. Malheureusement, c'est le contraire qui s'était produit. Certes, défensivement nous étions bien regroupés mais sur le plan offensif, nos joueurs perdaient trop la balle. Ce qui fait qu'a force de subir, les joueurs allaient finir par accuser le coup physiquement. Face à des joueurs de la trempe de Hazard et Fellaini, cela ne pardonne guère. Je ne sais pas, sauf que je trouve anormal que toute l'équipe accuse le coup physiquement. Si c'étaient un ou deux joueurs, j'aurais peut-être compris. Cela voudrait dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas de ce côté-là. Cela pourrait être aussi un problème de dosage dans la préparation. Certes, l'équipe belge n'est plus à présenter, mais cette dernière a tout de même géré intelligemment la partie. Malgré le but de Feghouli, les Belges ne se sont à aucun moment affolés. Au contraire, grâce à une possession de balle nettement supérieure, ils ont beaucoup fait courir nos joueurs jusqu'à les épuiser. En plus, il faut avouer que les changements opérés par le coach belge en seconde période se sont révélés payants. Le trio Mertens-Origi-Fellaini a beaucoup pesé sur notre défense par sa vivacité et sa rapidité. Un Brahim ou un Djabou par exemple auraient pu apporter beaucoup de choses à l'équipe notamment sur le plan de la percussion offensive. Mais peut-être que ces joueurs n'entraient pas dans les plans du coach pour cette rencontre. Je pense que cette équipe n'a pas un véritable fond de jeu. Nous possédons certes des individualités mais nous n'avons pas d'équipe. Cela est dû notamment à l'instabilité et aux changements fréquents au sein de l'effectif. Il n'y a qu'à voir l'axe central de la défense qui change souvent sans parler du problème du couloir droit où l'on a toujours pas trouvé un titulaire à ce poste. Malgré cette défaite face à la Belgique, je crois que notre équipe a toutes les chances de passer au second tour. Il faudrait cependant bien négocier le prochain match face à la Corée du Sud même s'il va falloir s'attendre à une opposition intense des deux côtés. J'ai suivi le match face à la Russie. Croyez-moi, ce sont deux gros adversaires. Ces deux équipes possèdent pratiquement les mêmes caractéristiques à savoir, la vivacité, l'explosivité, l'initiative dans le jeu et la vitesse d'exécution. Contrairement à nous, les Coréens tout comme les Russes possèdent un fond de jeu et s'appuient sur un collectif bien huilé. Ils ont plus d'automatismes. Ce sera très difficile de les jouer. La Hollande et l'Allemagne qui possèdent une bonne assise défensive, un excellent milieu de terrain et une attaque percutante. Il y a aussi la France qui paraît complète dans tous ses compartiments. Ces équipes sortent provisoirement du lot. A mon avis, la France devrait constituer la révélation de ce mondial. Un mot sur les équipes africaines ? Mis à part le Nigeria et à un degré moindre la Côte d'Ivoire qui ont montré un bon visage, les autres sont encore loin du compte. Je vois les Nigérians faire quelque chose dans cette coupe du monde. J'avoue que c'est la première fois que je peux enfin savourer pleinement un tel événement. Cela nous permet d'être dans la peau d'un supporter, de voir ce qui se passe autour, l'ambiance dans la rue. Franchement c'est magnifique. Quand vous êtes dans le staff d'une équipe, vous êtes tout le temps sous pression. Il est quasi impossible de profiter pleinement d'un tel moment. Après l'élimination de l'EN en 2010 en Afrique du Sud, je voulais tant rester sur place pour assister à la suite de la compétition mais comme j'étais trop fatigué, j'avais finalement décidé de rentrer au pays avec les joueurs.