Les républicains prendront aujourd'hui les rênes du Congrès dont la 114e session est fortement marquée par une domination écrasante, jamais acquise à la Chambre depuis 1930, et une majorité révélatrice au Sénat. La déferlante républicaine annonce une fin de mandat des plus difficiles pour Obama et le camp démocrate acculés dans leurs derniers retranchements. Deux grands chantiers sont mis sur la table par les nouveaux maîtres du Congrès, décidés à mettre en échec leurs rivaux et à lancer des réformes économiques. Le retour à la croissance passe par le développement des hydrocarbures tributaire d'une augmentation des forages pétroliers, notamment en Alaska, et la levée des restrictions sur l'exportation de gaz naturel liquéfié et de pétrole brut (l'essence et les produits raffinés sont librement exportables). Dans les années 1970, en réaction au choc pétrolier, le Congrès avait interdit l'exportation de brut américain, mais l'explosion récente de la production rend l'interdiction obsolète, selon les partisans d'une libéralisation. La première priorité républicaine porte ainsi sur la construction de l'oléoduc Keystone XL, entre les Etats-Unis et le Canada, soumise à une autorisation de l'exécutif et remise aux calendes grecques par Obama, confronté aux fortes pressions des démocrates et des écologistes. Le projet de loi fera l'objet, dès demain, d'une audition au Sénat et d'un large débat promis par le chef de la majorité, Mitch McConnell. L'« Obamacare », cher au président Obama instituant la souscription obligatoire d'une assurance maladie sous peine d'amende, est au cœur de la rentrée parlementaire partie pour officialiser, dans un vote symbolique, l'abrogation de la réforme honnie sur la santé. Deux options se présentent : un compromis privilégié par des chefs de la mouvance républicaine proposant une loi autorisant une augmentation de 30 à 40 heures le seuil horaire hebdomadaire des assurances pour les employés ou, en ultime recours, le veto présidentiel jusque-là peu utilisé par Obama (2 fois en 6 ans) contrairement à ses prédécesseurs (12 fois par George W. Bush, 8 par Bill Clinton et 365 fois en 12 ans par Franklin Roosevelt). Le dossier de l'immigration n'en est pas moins brûlant pour Obama, annonçant le 20 novembre 2014 la régularisation par décret de près de 5 millions d'immigrés en situation irrégulière. La date butoir du 27 février, préconisée par les républicains pour revoter les crédits nécessaires, est très attendue. Dans le chapitre des relations internationales, la différence d'approche des deux rivaux, plus accentuée sur la gestion du dossier iranien, le cas Daech et Cuba, promet une bataille épique.