Ni les innombrables campagnes de sensibilisation ni les appels à la vigilance et au respect des consignes de sécurité ne sont venus à bout des accidents dus au monoxyde de carbone. Ce tueur silencieux continue de faire des victimes. Du 1er janvier au 21 février, les éléments de la Protection civile, les premiers à se déplacer en cas d'asphyxie, ont enregistré 31 morts et secouru 578 personnes. Le mois de janvier a été le plus meurtrier avec 23 décès et 353 personnes secourues. « Ces incidents et drames sont enregistrés principalement dans les Hauts Plateaux, région marqué par le grand froid », a souligné le lieutenant Fayçal Boumzal, chargé de la communication à la Direction générale de la Protection civile (DGPC). Ces disparitions tragiques sont souvent causées par le non-respect des normes de sécurité et la contrefaçon des appareils de chauffage et de cuisine. Récemment, la Société de distribution d'électricité et de gaz d'Alger (SDA) a mené une campagne de diagnostic des installations intérieures de gaz à Alger. Il ressort de cette enquête que les principales causes sont les carences d'entretien des appareils fonctionnant au gaz, des modifications apportées aux habitations et aux installations de gaz initiales, ainsi que les comportements de certaines personnes visant l'obstruction volontaire ou par inadvertance des amenées d'air. Cette analyse qui a concerné 598 installations intérieures de gaz dans la wilaya d'Alger, a fait ressortir que 533 d'entre elles (89 %) présentent au moins une anomalie, dont 354 dans les anciennes habitations et 179 dans les nouvelles constructions. Ces résultats sont corroborés par Réda Yaici, président de la Section de wilaya des artisans plombiers. « Toute installation doit être soumise à un contrôle strict. Il s'agit d'effectuer tous les trois mois une vérification quand il s'agit d'un chauffage à gaz, notamment en ce qui concerne la bougie pour s'assurer qu'il n'y aura pas de retour de gaz », préconise-t-il. Pour lui, ces contrôles sont primordiaux car « le chauffage se remplit de poussière, ce qui crée un étouffement et un cumul des gaz brulés ». L'autre mesure préventive à prendre, avant chaque hiver, est le ramonage des cheminées et le curage des évacuations des gaz brulés. « Il faut aussi faire appel à un professionnel pour l'installation des appareils de chauffage », rappelle-t-il. L'autre facteur déterminant dans les incidents d'asphyxie est, pour cet artisan plombier, la contrefaçon des produits en vente sur le marché national. « Une vérification rigoureuse des appareils en vente doit se faire par un professionnel. Car le citoyen ne peut déceler les anomalies et reste attiré par les prix bas affichés », note-t-il. Pour contrer cette réalité, il recommande l'achat d'appareils fabriqués en Algérie, « qui sont de meilleure qualité et garantis ».