« Les différentes formes que revêt la menace terroriste requièrent la tenue d'une conférence internationale en vue d'une convention internationale globale de lutte contre le terrorisme international et la définition précise et unifiée de ce fléau », a déclaré, hier, à Doha, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh. Louh, qui représente l'Algérie à la 13e conférence sur la prévention du crime et la justice pénale, a estimé, lors d'une intervention devant les participants, que la relation étroite entre le terrorisme et le crime organisé « doit être prise en compte dans les stratégies nationales et internationales », car il s'agit, a-t-il expliqué, « d'envisager les moyens et mécanismes à même de juguler ce phénomène ». Pour Louh, la lutte contre la criminalité reste étroitement liée aux évènements survenus sur la scène internationale et qui « ont offert à l'extrémisme et au terrorisme le climat favorable au développement de leurs activités criminelles ». « Les interconnexions du terrorisme avec la criminalité transnationale évoluent de plus en plus », a averti Louh qui a rappelé l'expérience de l'Algérie qui s'était retrouvée « seule et isolée face au fléau terroriste durant la dernière décennie du siècle écoulé ». Aujourd'hui, a-t-il ajouté, et en dépit d'un contexte régional tendu ayant donné naissance à des crises internes dans certains pays voisins, « l'Algérie mobilise d'importants moyens pour contrer les différentes formes de criminalité découlant d'une telle situation, parallèlement au déploiement de sa diplomatie pour la recherche de solutions pacifiques à ces crises, basées sur le dialogue ». Il a poursuivi que sur le plan régional, « l'Algérie continue d'assumer son rôle dans le domaine de la lutte et de la prévention du terrorisme ». « Outre sa participation dans le cadre de la police internationale (Interpol), l'Algérie a été retenue pour abriter le siège de l'Afripol », a-t-il fait savoir. Et à Louh de poursuivre : « Au niveau interne, le gouvernement œuvre conformément à un programme de réformes initié par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour conforter l'indépendance du pouvoir judiciaire, moderniser son fonctionnement et l'adapter aux mutations en cours à l'échelle nationale et internationale pour en faire la pierre angulaire de l'édification de l'Etat de droit et le garant des droits et libertés fondamentaux des citoyens. » « C'est dans la même perspective que la législation nationale est adaptée à la convention des Nations unies pour la lutte contre le crime organisé et celle sur la lutte contre la corruption, une démarche qui emboîte le pas à la modernisation du système de formation et de valorisation de la ressource humaine dans le cadre notamment, de la collaboration avec le bureau des Nations unies pour la lutte contre la drogue et la criminalité et le programme des Nations unies pour le développement », a-t-il enchaîné. Une partie de l'intervention de Louh a été axée sur la cybercriminalité qui prend de l'ampleur ces dernières années. « Un défi à relever, notamment par la mise en place des mécanismes d'une réaction rapide et efficace », a-t-il recommandé, soulignant que dans pareille situation, « il convient de poursuivre le débat dans le cadre de la commission des Nations unies pour la prévention du crime et la justice pénale afin de convenir d'un document définissant le cadre de coopération en la matière ». Concernant les crimes liés à la traite d'humains et l'immigration clandestine, Louh a indiqué que l'Algérie « réaffirme son engagement aux deux protocoles complétant la convention des Nations unies de lutte contre le crime organisé transnational ». Sur un autre plan, l'Algérie a salué, par la voix de son ministre de la Justice, l'adoption, par l'Assemblée générale des Nations unies, des principes d'orientation internationaux relatifs aux mesures de prévention des crimes et de justice pénale concernant le trafic de la propriété culturelle et d'autres crimes en relation. Le thème retenu pour la conférence de Doha « doit obéir à une vision qui relie le développement durable à la suprématie de la loi », a soutenu Louh, rappelant que la rencontre intervenait à quelque temps du lancement du programme des Nations unies pour le développement post-2015. Il a insisté, dans ce contexte, sur le fait que « la suprématie de la loi implique non seulement sa prééminence aux plans national et international mais aussi la mise en place des conditions garantissant le droit à un travail décent, à l'éducation et à l'enseignement pour tous les peuples de la planète ». Louh a, enfin, annoncé l'adhésion de l'Algérie à la déclaration de Doha sanctionnant le 13e congrès des Nations unies sur la prévention du crime et la justice pénale qui constituera, sans aucun doute, une base et une référence pour les politiques et orientations des pays membres en matière de prévention et de lutte contre le crime et consacrera les principes et critères de justice pénale ». La conférence dont les travaux ont débuté dimanche dernier en présence de l'émir du Qatar, Tamim Ben Hamed Ben Khalifa Al-Thani, et du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, vise à consolider la coopération régionale pour lutter contre le crime organisé transnational, le terrorisme, la traite d'humains, l'immigration clandestine, la cybercriminalité et le trafic de la propriété culturelle.