La ville brésilienne de Salvador, capitale de l'Etat de Bahia, dans le nord-est du Brésil, a abrité, du 12 au 19 avril dernier, les travaux du 12e Congrès des Nations unies pour la prévention du crime et la justice pénale. Ont pris part aux travaux quelque 4 000 délégués représentant la quasi totalité des pays membres, dont l'Algérie, ainsi que des représentants d'institutions internationales et des ONG. Le ministre brésilien de la Justice, tout en signalant la complexité de la question du crime organisé, a résumé dans son allocution d'ouverture la préoccupation des pays participants quant à la nécessité de maintenir et renforcer la coopération internationale pour venir à bout de ce fléau. Pour sa part, le Secrétaire général de l'ONU, dans une intervention lue en son nom, a reconnu que la criminalité transnationale menace de plus en plus la paix et la sécurité internationales. Tout en invitant les Etats à appliquer les dispositions de la Convention de Palerme de 2000, il les a appelés à renforcer l'Etat de droit. Les travaux des experts ont été entamés dès le 11 avril en plénières et en comités pour examiner huit questions de fond touchant aux enfants, aux jeunes et à la criminalité, au terrorisme, à la prévention du crime, au trafic de migrants et à la traite des personnes, au blanchiment d'argent, à la cybercriminalité, à la coopération internationale pour la lutte contre la criminalité, et à la violence à l'encontre des travailleurs migrants et de leur famille. Les travaux du segment de haut niveau ont eu lieu du 17 au 19 avril. Durant ces trois jours, la plupart des intervenants ont tous mis l'accent sur la nécessité d'une coopération devenue indispensable entre tous les Etats pour lutter efficacement contre les menaces que constitue la criminalité transnationale qui se sert désormais des moyens technologiques les plus avancés pour parvenir à ses fins. Le président du Congrès n'a pas manqué à cet effet de signaler que les tendances de la criminalité montrent l'existence de liens solides entre la criminalité transnationale organisée et celle plus classique et la corruption, ce qui prouve, a-t-il dit, qu'il y a une mondialisation de la criminalité transnationale organisée. Ce cri d'alarme a été repris par de nombreux chefs de délégations qui ont exhorté les pays qui n'ont pas encore adhéré ou ratifié la Convention de l'ONU contre la criminalité transnationale organisée à le faire aussitôt que possible. Le même appel a été lancé pour une prompte ratification de la Convention des Nations unies contre la corruption. Au sujet particulièrement de la cybercriminalité, il a été constaté une différence d'approche assez nette entre les représentants du Conseil de l'Europe et ceux du reste du monde et plus particulièrement les pays du Sud dont l'Algérie. Pendant que les premiers défendaient “bec et ongles” la Convention de Budapest de 2001, qui traite de ce sujet et à laquelle ils veulent voir adhérer les autres pays de la planète, ces derniers ont exercé un forcing pour l'émergence d'une organisation planétaire qui prendrait en charge leurs spécificités qui sont forcément et naturellement différents de ceux des Européens. Finalement, un consensus a été atteint à travers la proposition de création d'un comité de réflexion qui travaillera au toilettage de la Convention de Budapest qui deviendrait universelle. Le Directeur exécutif de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) a lancé un appel pathétique à tous les pays les exhortant à appeler, dans la déclaration de Salvador, à la mise en place rapide du mécanisme d'examen de l'application de la Convention contre la corruption dont la nécessité a été soulignée par les parties en 2009 à Doha. Cependant, il y a eu absence d'unanimité entre les pays participants quant à la nécessité de création de nouvelles institutions ou mécanismes. C'est ainsi que certains pays se sont opposés à cette démarche tant que les instruments existants n'ont pas démontré leur inefficacité.