Des spectacles musicaux à fort potentiel artistique avec une touche d'authenticité prononcée ont été présentés, une semaine durant, au 9e Festival national de la musique diwan qui continue à pâtir des mêmes problèmes d'organisation et de préservation de ce patrimoine, relèvent les observateurs. Devant un public fidèle et très nombreux, ce festival a pris fin, samedi dernier, où des jeunes troupes du diwan ont fait leurs premiers tours de scène, parfois devant quelques milliers de personnes, et ont impressionné leur auditoire par leur maîtrise et surtout par leur jeunesse. La relève est déjà assurée par le premier prix de cette édition, la formation « Diwan gnawa el kandoussia » de la localité de Kenadsa, menée par un maâllem, âgé de 21 ans, et qui a produit sur scène un son irréprochable et puissant au tbel comme au goumbri, en plus d'une grande maîtrise du chant et de la danse koyo. A Bechar, la relève formée par le doyen des praticiens du diwan de la région, Ammi Brahim, a également été présentée au public qui se disait « fier et rassuré de voir autant d'énergie et de talent » chez une jeunesse ayant un rapport « décomplexé » avec cet art découlant d'un rituel mystique, et qui a réussi à en faire un « spectacle à part entière ». Cette édition a aussi connu des spectacles empreints d'authenticité, le passage de la troupe Banga Nass El Wahat, qui a interprété un bordj en tamazight, celui de « Dar Bahri Ouesfane », héritier d'une tradition ancestrale, ou encore celui des « Sidi Blal », qui ont perpétué la tradition de la Mhella la plus connue de Bechar, celle d'El Hadj Damou. Ce seul événement musical d'envergure, dans la région, aura également été une occasion pour le public d'assister aux spectacles de groupes algériens qui se produisent très rarement à Bechar, comme les Djmawi Africa, Ifrikya Spirit, ou encore les très appréciés Ouled El Hadja Maghnia et Essed de Kenadsa. Des obstacles récurrents à la veille de la 10e édition Un volet académique a permis d'aborder, dans une série de conférences animées par des universitaires algériens, la problématique des défis de la musique diwan face à la mondialisation. Ces universitaires ont encore une fois relevé l'urgence d'une prise en charge scientifique sérieuse de ce legs patrimonial, une nécessité soulignée depuis trois ans, sans résultats. Cependant, le festival ne peut, de par son statut, faire appel à des chercheurs étrangers, dont les travaux sur le diwan sont beaucoup plus avancés, alors que l'édition internationale du festival ne propose plus de conférences. Malgré un très grand impact sur le public que très peu de festivals en Algérie réussissent à atteindre, le festival national de la musique diwan est toujours en quête de stabilité en termes de dates, de programmation et de financement. De l'avis de plusieurs observateurs de la scène culturelle, cet événement « reste de loin l'un des plus réussis en Algérie », malgré des moyens financiers limités et des infrastructures réduites. Ces mêmes observateurs ont, par ailleurs, réitéré leur proposition de programmer le festival à des dates coïncidant avec l'afflux touristique dans la région. Comme en 2013 et 2014, les participants, universitaires et observateurs, recommandent de revoir la conception de ce festival dont le potentiel reste « clairement supérieur à celui de l'édition internationale pour laquelle il ne sert que de présélection », et d'encourager davantage « la promotion des troupes au moins par la production d'albums ».