James Noël est un écrivain, acteur, chroniqueur et poète prolifique, né en Haïti en 1978. Sa notoriété a précédé la publication de son premier livre, grâce au poème « Bon nouvel, La Bonne nouvelle », un hommage aux pieds des femmes, mis en musique par le chanteur Wooly Saint-Louis Jean. Le poème a fait un tabac en Haïti. Il a participé au 8e festival international de la littérature et du livre jeunesse (Feliv), qui se tient à Alger. Modeste, il témoigne de son expérience livresque et déclare : « On peut ne pas être né dans une île et porter la mer en soi et l'inverse. Cela ne nous empêche pas une insularité sans la mer ». Il nous donne à sentir les émotions de son île. Il répond volontiers à nos questions. Vous prenez part au 8e Feliv, avez-vous eu auparavant des échos sur ce festival ? J'ai eu des échos favorables autour de ce festival, par le biais de l'écrivain algérien, Yahia Belaskri, que je considère comme un frère. J'ai eu l'occasion de l'inviter à Haïti. J'ai lu ses livres et ceux de Kateb Yacine qui est d'ailleurs très lu et apprécié en Haïti. Nous avons une énorme passion pour cet intellectuel. Vos textes sont lus et mis en musique par de nombreuses voix. Pensez-vous que c'est une bonne démarche ? Oui. Je suis un musicien mais pas comme les autres. Je ne sais jouer d'aucun instrument. Lorsque j'ai commencé à écrire et qu'on a mis, plus tard, en musique mes textes, ce fut une surprise heureuse. Les musiciens et les chanteurs me contaminent. Ils me donnent l'occasion de devenir, par mes mots, le musicien que je ne suis pas réellement. Comment s'est passée votre rencontre avec vos collègues algériens ? C'est extraordinaire. On travaille en amont, je sens qu'ils ont lu mes textes avant d'arriver à cette conférence. Pour ma part, j'éprouve une passion pour la littérature algérienne. Du coup, on se parlait avec beaucoup de désir et de curiosité. Vous avez déclaré, dernièrement, que la poésie vous permet une plongée intérieure. Pourriez-vous revenir sur cela ? En quelque sorte, la poésie me permet de faire une plongée en moi-même. Je pense qu'il ne faut pas laisser la poésie entre les mains des poètes, tout le monde doit aller vers la poésie. La poésie, c'est réussir à aller vers une quête, vers une plongée intérieure. C'est vraiment ce lieu intime qui nous permet de nous retrouver pour être en paix avec nous-mêmes et le cosmos. C'est quoi votre vision de la lecture publique dans le monde et chez vous en particulier ? Il y a une tradition chez nous, la lecture publique est une contagion. Tout le monde lit à Haïti. C'est une tradition de grands écrivains, de grands poètes, de grands musiciens. Du coup, ça crée une émulation, une contamination. C'est extraordinaire de pouvoir faire naître des envies, des vocations. Des projets en cours ? je viens de coordonner une anthologie de poésie contemporaine haïtienne, qui rassemble plus de 70 poètes vivants. elle paraîtra en France, aux éditions du « Seuil », en septembre prochain. En même temps, je ferai paraître deux de mes livres.