Un récital poétique algéro-italien a été donné dans la soirée de mercredi dernier, à la salle El Mouggar d'Alger, par la poétesse algérienne d'expression française, Samira Negrouche, et le poète italien, Giuseppe Goffredo, dans une ambiance musicale éclectique créée par le bandonéoniste-pianiste Daniele Di Bonaventura. Intitulé "Entre lectures croisées et musique", cette mise en lecture de poésies algériennes et italiennes, organisée par l'Institut culturel italien d'Alger en collaboration avec l'Office national de la culture et de l'information, est inspirée du spectacle "Chante et oublie" qui était basé sur le livre éponyme du poète italien. Ce spectacle regroupait seulement le poète et le musicien italiens. Giuseppe Goffredo, étant aussi éditeur, a sorti en novembre 2011 en langue italienne le dernier recueil de poésie de Samira Negrouche "Le jazz des oliviers", et c'est à partir de là que l'idée de concevoir un spectacle identique en intégrant la poétesse algérienne au duo italien, basé sur l'échange de textes dont la symbolique forme le point de croisement, est née. Après une introduction musicale au bandonéon jouée par Di Bonaventura sur un air Tango, la poétesse algérienne apparaît sur scène et déclame d'une voix suave et sur des improvisations musicales, des extraits de ses textes dont "Seul le poteau électrique" et invite le public à un voyage au coeur de la mémoire et de la terre africaines. Ecrit en 2005, ce texte est "l'historie d'une personne, un homme ou une femme, peu importe, perdue dans cette terre africaine et qui veut s'en aller et qui se noie dans la mer. L'histoire peut être celle de l'émigration mais c'est surtout celle d'une personne qui fait naufrage dans la vie", explique la poétesse. Elle a présenté aussi, toujours dans une ambiance musicale riche en sonorités et en rythmes, le texte "Variations sur tierce", une poésie sur la mémoire et l'attente de la chose qui ne vient pas, symbolisées par la femme d'un marin qui prend le large et la laisse livrée à l'attente de son retour et à la mémoire des moments vécus ensemble. La deuxième partie du récital poétique a été consacrée aux textes de Giuseppe Goffredo, qui est également écrivain et essayiste. Dans une grande complicité avec le musicien, le poète a déclamé sa poésie, en langue italienne, d'une manière artistique assez proche du théâtre avec beaucoup d'émotion. Célèbre pour la grande attention qu'il accorde aux pays qui souffrent de toutes sortes de malaises, d'ordre social, économique ou politique, le poète italien a rendu un hommage au poète palestinien Mahmoud Darwish à travers un texte intitulé "La fatigue du monde". Avant de proposer au public un poème sur la passion humaine, Goffredo a lu un poème dédié à Bagdad et ses habitants. Le récital s'est achevé par une lecture croisée d'extraits du texte "Café sans sucre" de Samira Negrouche, dans les deux langues.