« L'usine du monde » flambe. Si la cause de la catastrophe industrielle qui a eu lieu, le 12 août dernier, n'est pas encore connue, le drame de Tianjin a plongé dans le chaos cette importante ville (15 millions d'habitants) du nord-est de la Chine et l'un des sites portuaires et industriels majeurs ébranlé par deux fortes explosions. Ce drame a fait 50 morts, 700 blessés, des dizaines de disparus et près de 6.000 personnes sinistrées. Alors qu'un millier de soldats du feu étaient toujours mobilisés pour éteindre les incendies, une équipe de 217 militaires spécialistes des armes nucléaires, bactériologiques et chimiques a entamé, dès jeudi, des opérations de nettoyage. L'effet Tchernobyl est redouté par la population locale. Face à ce cataclysme, la panique s'est installée. Elle est suscitée par les incertitudes générées par le risque toxique accentué par la crainte de nouvelles détonations de l'entrepôt où étaient stockés des conteneurs de produits dangereux, notamment chimiques, selon des médias d'Etat. Officiellement, quelque 36 heures plus tard, les origines de la catastrophe restent encore indéterminées. Les responsables de l'entreprise sévèrement sanctionnés sont pointés du doigt. Mais, il semble, selon le directeur du département de l'environnement à la municipalité de Tianjin, Wen Wurui, que les niveaux de gaz qui ne sont pas excessivement élevés soient revenus à « la normale » et que, de ce fait, l'air était « sûr pour les habitants ». Moins optimiste, le quotidien Les Nouvelles de Pékin, citant des producteurs industriels, a fait état de la présence d'au moins 700 tonnes de cyanure de sodium entreposées sur le site. Des doses importantes de cette substance hautement toxique avaient été également relevées dans les eaux usées des environs. Toxique, pas toxique ? Le débat fait le plein de contradictions dans la gestion contestée des zones industrielles. « Clairement, il n'y a pas de culture de la sécurité sur les lieux de travail en Chine », a réagi Geoffrey Crothall, porte-parole de l'association de défense des travailleurs chinois China Labour Bulletin, basée à Hong Kong, rappelant qu'une année seulement après le drame de Kunshan (146 morts), près de Shangaï, « la même chose arrive de nouveau ». En juillet, 15 personnes avaient été tuées et plus de dix autres blessées dans l'explosion d'un site illégal de stockage de feux d'artifice dans le Hebei (nord). Les accidents se comptent par centaines chaque année : 640 cas relevés entre janvier et août 2014, entraînant la mort de 2.700 personnes. Le fléau sévit en raison du « non-respect des réglementations existantes », relève l'expert de Greenpeace, Cheng Qian, des « progrès sensibles » ont permis une baisse des accidents industriels (de 7,5% et de 5,5% au 1er trimestre 2015). Il reste, toutefois, beaucoup à faire pour garantir une mise en œuvre de la réglementation pour une gestion efficiente et la sécurité des entreprises. Comme ce fut le cas exactement pour la zone de Tianjin.