Les autorités chinoises ont procédé hier à l'évacuation des quartiers résidentiels voisins du site des explosions survenues mercredi dans le port de Tianjin, par crainte d'une contamination après la propagation de substances toxiques sur le lieu de la catastrophe qui a fait au moins 104 morts. De nouvelles déflagrations ont retenti dans la matinée sur la zone portuaire touchée, projetant dans les airs une épaisse colonne de fumée noire, a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle. «Eu égard aux substances toxiques qui se propagent, il a été demandé aux populations avoisinantes d'évacuer», a ajouté le média d'Etat. Selon le quotidien les Nouvelles de Pékin, l'opération d'évacuation, dans un rayon de trois kilomètres autour du site, a été menée par des policiers en armes après la découverte de cyanure de sodium, un composant chimique hautement toxique, sur le site du désastre toujours en proie aux flammes. Des masques étaient distribués au personnel des services d'urgence à l'entrée de la zone évacuée, traversée par des dizaines de camions de pompiers. La zone elle-même, qui dégageait une odeur âcre, était largement désertée. Aux façades des immeubles, d'innombrables vitres brisées rappelaient la violence du choc initial. Les autorités ont fait appel à des experts de sociétés produisant du cyanure de sodium, qui se sont rendus dans l'unité de stockage de produits dangereux où les explosions se sont produites mercredi. Trois jours après la catastrophe, les autorités luttaient toujours pour contrôler l'incendie et peinaient à identifier précisément les substances chimiques entreposées sur le site. Les Nouvelles de Pékin ont rapporté qu'au moins 700 tonnes de cyanure de sodium étaient stockées sur le site, et que des doses de cette substance hautement toxique avaient été relevées dans les eaux usées des environs. Dans une déclaration écrite diffusée hier par les médias officiels, le président Xi Jinping a reconnu que les explosions de Tianjin et une série d'accidents industriels récents avaient «mis au jour de sérieuses défaillances dans le domaine de la sécurité au travail» et que le pays devait en tirer de «profondes leçons». Parmi les victimes, les sauveteurs ont payé un lourd tribut avec au moins 21 pompiers tués. Par ailleurs, 722 personnes ont été hospitalisées dont 58 dans un état critique, selon les autorités. Devant la presse, un responsable municipal, Gao Huaiyou, a dressé hier une liste des substances possiblement présentes: il a cité entre autres, parmi les produits ayant récemment transité par le site incriminé, du bisulfide de sodium, du magnésium, du sodium, du nitrate de potassium, du nitrate d'ammonium et du cyanure de sodium. «Nous pensons qu'il pourrait y en avoir encore beaucoup de stocké dans les zones du terminal» portuaire, a-t-il prévenu. L'aide de spécialistes travaillant pour des sociétés produisant du cyanure de sodium ont été sollicités, a poursuivi M.Gao. Il a précisé qu'une conduite d'évacuation où ce produit aurait été détecté a été condamnée. Plus de 200 experts nucléaires et biochimiques de l'armée chinoise ont été déployés jeudi à Tianjin, métropole de 15 millions d'habitants à 140 km de Pékin dans l'est de la Chine.