Très prochainement, les agents de l'administration des douanes verront concrètement des augmentations salariales dans leur fiche de paie. Le décret portant le nouveau régime indemnitaire est désormais adopté et signé par le Premier ministre et a été envoyé pour publication au Journal officiel le 3 avril dernier. Dès la publication des textes d'application, les augmentations entreront en vigueur avec effet rétroactif à partir de 2008. Le seuil des augmentations se situe entre 70 et 85%, soit avec une moyenne générale de 73,38%. Le nouveau régime indemnitaire touchera aussi bien le personnel spécifique à l'administration, c'est-à-dire ceux qui portent l'uniforme et le personnel assimilé. Ceux qui bénéficieront d'une bonne augmentation sont les officiers de contrôle et les officiers de brigade. C'est ce qu'a indiqué le directeur général des Douanes, Mohamed Abdou Bouderbala, intervenu hier sur les ondes de la chaîne III. Il a aussi annoncé l'introduction de nouvelles primes dans le cadre de la révision du régime indemnitaire citant, entre autres, la prime de risque de 40% sur le salaire de base, l'indemnité d'astreinte douanière et l'indemnité de recherche opérationnelle et d'intervention. Cette dernière est, selon lui, variable de 10 à 15%. Outre cela, les agents de l'administration douanière ont, pour la première fois, un statut spécifique, lequel définit les missions et les articulations des postes supérieurs du corps des douanes. Ce nouveau statut revoit d'une manière générale la nomenclature des grades et trace aussi bien les droits et obligations des travailleurs comme il comporte des dispositions qui protègent les agents dans leur fonction. «Ce nouveau statut donne une assise juridique au fonctionnement des agents de douanes ainsi qu'à leur carrière professionnel», souligne le même responsable avant de faire remarquer que l'administration des douanes souffrait de tassement des grades, d'où la réorganisation et la création de deux postes qui sont le contrôleur général en chef et l'agent de surveillance. Le nouveau statut comporte également des dispositifs de sanction contre tout agent indélicat. L'objectif étant de mettre un terme à la corruption, un phénomène qui continue de sévir malgré les moyens de lutte déployés. Toutefois, le Dg des Douanes a rassurer qu'avec la nouvelle organisation, la modernisation de l'administration ainsi que les nouvelles règles de gestion, le phénomène de corruption est en train «de reculer». 14 CAS DE CORRUPTION ET DE TRAFIC D'INFLUENCE DEVANT LA JUSTICE EN 2010 Comme mesures mises en place dans ce cadre, il a cité le renforcement du système de contrôle et l'installation des inspecteurs régionaux. En termes de chiffres, M. Abdou Bouderbala a indiqué qu'en 2009, 190 affaires d'agents ont été traitées par la commission disciplinaire de l'administration douanière contre 109 en 2010. Quant aux affaires avérées traduites devant la justice, 10 cas de corruption avérés et trafic d'influence sur 150 affaires ont été traités en 2009 alors qu'en 2010, il a été enregistré, sur 66 affaires, 14 cas de corruption et trafic d'influence. Comme exemple, il a cité l'affaire des 9 conteneurs détournés du port d'Alger. «Ces conteneurs ont été détournés au moment du trajet. Ils ont quitté le port d'Alger se dirigeant vers un port sec, et sur le chemin, ils ont été détournés par les éléments chargés de l'escorte et par les propriétaires de la marchandise qui ont cru échapper à la vigilance du contrôle. Ces conteneurs ont été retrouvés et les agents incriminés sont poursuivis en justice». «Nous ne pouvons pas effacer avec un coup de baguette magique la corruption, mais je peux vous assurer que les choses sont en train d'évoluer favorablement pour aller vers l'éradication du phénomène». Il ajoutera qu'il «n'est un secret pour personne que l'administration des Douanes ainsi que ses agents évoluent dans un environnement très pollué». Du coup, il a tenu à souligner que cela ne veut guère dire que l'administration est totalement corrompue. «Nous travaillons, a-t-il dit, pour la majorité des cas qui ne sont pas corrompus. Nous mettons en place des statuts et des règles de gestion pour ceux qui ne sont pas dans ce cas-là. Les autres, et lorsque les preuves sont avérées, feront l'objet de poursuites judiciaires», a-t-il rassuré avant de déplorer «les problèmes de manque de civisme, de culture et de niveau. Mais avec le travail qui est en train de se faire en profondeur, nous arriverons petit à petit à séparer le bon grain de l'ivraie». Le nouveau code des douanes qui actuellement fait l'objet de dernières retouches et qui devra être adopté avant la fin de cette année, espère le Dg des Douanes, devra mettre de l'ordre dans le corps des douaniers. Evoquant l'autre phénomène qui gangrène l'économie nationale, à savoir la contrefaçon, le Dg des Douanes n'a pas hésité à tirer la sonnette d'alarme. «La contrefaçon a pris des proportions préoccupantes d'autant qu'elle ne touche pas seulement les vêtements, chaussures et appareils électroménagers, mais également les produits alimentaires et de médicaments qui mettent en danger la vie de nos concitoyens, d'où la nécessité aujourd'hui, d'intensifier les moyens de lutte». Le port d'Alger est devenu, déplore M. Abdou Bouderbela, une aire de stockage et non pas de transit. Une situation qui devra changer, soutient-il. LES RECOUVREMENTS DES DOUANES ESTIMES À 492 MILLIARDS DE DINARS EN 2010 «Les recouvrements des recettes des douanes ont augmenté malgré la mise en place de la Zone arabe de libre échange et de l'Accord d'association avec l'UE, qui prévoient des exonérations douanières, et ce grâce à un travail d'assainissement et d'encadrement du commerce extérieur», a souligné le Dg indiquant que les recettes douanières qui étaient de 283,9 milliards DA en 2006, soit à une année après l'entrée en vigueur de l'accord avec l'UE, sont passées à 460,2 milliards en 2009 et enfin à 492 milliards DA en 2010. Concernant les délits relatifs aux transferts illégaux de capitaux, il a fait savoir qu'ils ne cessent eux aussi d'augmenter, passant de 4,4 milliards DA en 2009 pour 583 affaires à 16,2 milliards DA en 2010 pour 658 affaires. Le nombre des importateurs a, quant, à lui, chuté de 25 409 en 2008 à 20 286 en 2010.