La France et l'Italie emboitent le pas à la Grande- Bretagne. Elles envoient «dans les prochains jours» des «officiers de liaison» et des «instructeurs militaires» à Benghazi. Officiellement, c'est pour «prodiguer au Conseil national de transition des conseils d'ordre technique, logistique et organisationnel» et entraîner les rebelles à mieux résister aux attaques de l'armée pro-Kadhafi. Un mois après l'intervention militaire de la coalition internationale, la situation évolue selon Seif al-Islam, le fils de Mouammar Kadhafi, en faveur de Tripoli. Réellement c'est pour coordonner les raids aériens de la coalition, identifier les cibles et identifier les chefs militaires de l'insurrection avec lesquels il serait possible de «travailler» plus tard. Londres, Paris et Rome promettent à Benghazi une autre aide : l'intensification des raids aériens, notamment sur la ville de Misrata, pour faire plier Tripoli. Les trois excluent pour l'heure l'envoi de troupes en Libye pour prêter main forte aux rebelles dans ce conflit dont personne ne perçoit l'issue. «C'est un sujet qui mérite une réflexion internationale», réplique Gérard Longuet, le ministre français de la Défense aux voix qui appellent à armer les «mal formés, mal organisés et mal encadrés» rebelles ou à envoyer des troupes au sol. Selon toute vraisemblance, l'Occident qui souhaite désamorcer le conflit le plus rapidement possible avant de s'enliser, pourrait opter pour l'armement des rebelles. Moustapha Abdeljalil, le président du CNT qui demande des armes a beau jurer son intention d'édifier un Etat démocratique où le chef d'Etat ou le gouvernant, arrivera au pouvoir non pas sur un char mais par un bulletin dans les urnes, que son mouvement luttera contre les troupes de Kadhafi et le terrorisme, une partie de celles-ci, dont certaines auraient été livrées déjà par le Qatar, finiraient dans les mains de l'Aqmi. Une raison qui pourrait être évoquée sous peu par l'Occident pour demander une résolution au Conseil de sécurité ? «Nous ne prenons pas d'initiative pour demander une nouvelle résolution au Conseil de sécurité», s'empresse de répondre François Baroin, le porte-parole du gouvernement français. Britanniques, Français et Italiens sont partagés sur cette «intervention» terrestre de leurs soldats en Libye qui ne dit pas son nom. Hormis les officiels et les va-t-en-guerre, personne n'ose affirmer que cette décision est conforme à la résolution 1973 de l'ONU. A Londres, les parlementaires évoquent «un débordement». Ils veulent une réunion du Parlement sur la question. Peter Bone, un député conservateur, craint une chose : voir la Grande-Bretagne «prendre partie dans une guerre civile» en Libye. Plus sceptiques, certains journaux britanniques rappellent que «le Vietnam a commencé avec l'envoi de conseillers militaires». Tripoli qui a laissé entendre qu'elle pourrait décréter une trêve estime que ces «envois» menacent les opportunités de paix. «Toute présence militaire à Benghazi est un pas en arrière et nous sommes convaincus que si l'Otan arrête ses attaques, il y aura un véritable cessez-le-feu», déclare le ministre libyen des Affaires étrangères, M. Abd Al-âti El-Abidi prêt à discuter «des réformes politiques et constitutionnelles et des élections» avec l'opposition. Parallèlement à cette surenchère, Navi Pillay, Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme qui s'est faite discrète, hausse le ton. Elle accuse le régime libyen de «crimes internationaux». Selon elle, des bombes à sous-munitions ont été utilisées dans la ville assiégée de Misrata. Elle n'est pas la première à faire état de cet usage. Le 15 avril, Human Rights Watch l'a évoqué.