Mouammar Kadhafi «ne se sent plus en sécurité» à Tripoli. Dos au mur, il appelle à une «réunion d'urgence» du conseil de sécurité pour mettre un terme aux bombardements de l'Otan. Selon le Wall Street journal qui cite un haut responsable de la sécurité nationale américaine, le leader libyen, qui s'est engagé à se battre jusqu'à la mort, «envisage sérieusement» de s'installer dans une de ses nombreuses résidences ou installations militaires à l'extérieur de la capitale. Parallèlement à ce vœu - même si ce départ pourrait compliquer la tâche de la coalition qui souhaite le neutraliser - l'opposition basée à Benghazi, probablement sur «injonction» d'une Otan qui découvre ses divisions, ses bavures et son oubli de la préparation de l'après-Kadhafi, met du bémol dans ses exigences. Elle serait ouverte à l'idée de voir le leader libyen quatre mois après la naissance d'une révolte transformée en conflit armé, rester au pays après son retrait du pouvoir. «Des négociations par le biais d'intermédiaires sont en cours avec des représentants de Tripoli. Nous évoquons avec eux les mécanismes du départ de Kadhafi. Elles se déroulent parfois en Afrique du Sud, parfois à Paris», affirme dans une interview au Figaro publiée hier, Mahmoud Shammam, porte-parole du Conseil national de transition. «Nous considérons qu'il doit se résigner à partir ou bien accepter une mise en retraite dans une zone reculée de la Libye. Nous ne voyons pas d'inconvénient à ce qu'il se retire dans une oasis libyenne, sous contrôle international», ajoute-il avant de conclure. «De plus, l'opposition est prête à négocier avec n'importe quel technocrate ou officiel libyen qui n'a pas de sang sur les mains, de façon à l'intégrer à un futur gouvernement intérimaire qui devra organiser des élections». Abdel Hafid Ghoga, vice-président du CNT, tient un tout autre discours. Il dément tout contact avec un quelconque représentant de Kadhafi qui a promis dans un message sonore diffusé dans la nuit de mercredi à jeudi que «la bataille se poursuivra jusqu'à l'au-delà». Premiers clivages à Benghazi ? Le pavé jeté dans la mare par l'Italie en demandant la suspension des actions armées pour permettre une aide immédiate, le souhait des Américains de limiter progressivement leur rôle dans ce conflit nord-africain et la grogne qui s'élève dans les rangs de certaines armées européennes, y sont probablement pour quelque chose dans ce virage à 180° du CNT. Moustapha Abdeljalil, le chef des rebelles, n'avait-il pas affirmé à maintes reprises que le départ de Kadhafi du territoire libyen était un préalable à toute négociation de paix et réfuté récemment tout contact même indirect avec Kadhafi ? Tripoli et Benghazi finiront-elles comme l'avait annoncé à la mi-juin, l'émissaire russe, Mikhaïl Marguelov, par trouver une solution politique à la crise de leur pays après leurs «contacts directs» ? De nombreuses initiatives étrangères travaillent dans ce sens. Dernière en date, celle de l'Union européenne.