Le Maroc s'offre un avocat, pas comme les autres, en Algérie pour défendre son « angoisse » récurrente : la fermeture des frontières. Karim Tabbou, le premier secrétaire du Front des forces socialistes, demande l'ouverture sans tarder des frontières terrestres entre l'Algérie et le Maroc, fermées en 1994 après un attentat terroriste dans un hôtel de Marrakech imputé par Rabat à Alger. « Il faut ouvrir cette frontière », affirme l'invité de l'émission « Mais encore ? » de la chaîne publique marocaine 2M. Pour lui, cette fermeture est une « limitation à la liberté de circulation des Algériens » et un « acte de trahison contre le mouvement de libération nationale ». Pas moins. Selon le premier secrétaire du FFS, cette « fermeture » empêche les Algériens d'avoir « le bonheur de venir au Maroc ». Les responsables du gouvernement marocain n'usent pas d'autres mots quand le Palais leur demande de montrer du doigt l'Algérie comme le « principal blocage de la construction maghrébine ». Certes, ce n'est pas la première fois que le FFS appelle publiquement à l'ouverture des frontières entre l'Algérie et le Maroc, mais cette « sortie » sans tabou de Tabbou qui se lamente sur une Union du Maghreb, « une des rares régions du monde qui n'est pas unifiée et intégrée », suscite quelques interrogations. Notamment quand le premier secrétaire du plus vieux parti d'opposition distribue des bons points au Makhzen, des « avertissements » au pouvoir algérien qui serait « répressif, violent et corrompu » et omet de prononcer un piètre mot sur le dernier conflit colonial en Afrique, les violations systématiques des droits de l'homme au Sahara Occidental et au Maroc et l'envahissement des milliers de tonnes de drogue « chérifienne » en Algérie. Aujourd'hui, comme hier, la position de l'Algérie sur ses frontières n'a pas changé d'un iota. Leur ouverture ne peut être dissociée d'une approche globale et d'une définition de ce Maghreb où tout le monde sera gagnant.