Rachida Dati, députée européenne, ne désespère pas de voir un jour les frontières entre les deux pays rouvertes. Rien n'empêche, donc, le Maroc de demander la réouverture des frontières terrestres avec l'Algérie. Le Makhzen use d'ailleurs de tous les moyens. Profitant de la tenue des Medays 2009 les 19, 20 et 21 novembre à Tanger, les hauts responsables marocains ont tenté de manipuler les responsables politiques occidentaux pour qu'ils mettent la pression sur l'Algériepour qu'elle accepte la demande marocaine. Durant ces trois jours du forum international politique et économique, consacré notamment au Proche-Orient, la diplomatie marocaine a bougé dans tous les sens pour en sortir victorieuse. Ainsi le Maroc veut profiter, ainsi, de la participation de personnalités venues d'Europe, des Etats-Unis, du monde arabe et d'Afrique, pour faire valoir sa demande. Les premiers à réagir dans ce cadre, sont Rachida Dati, députée européenne, et Miguel Angel Moratinos, ministre espagnol des Affaires étrangères. Pour l'ex-ministre française de la Justice, la réouverture des frontières entre les deux pays ne tardera pas à venir: «Il ne faut pas désespérer, les deux pays finiront par ouvrir de nouveau les frontières», déclarera-t-elle. Malgré cette assurance, Mme Dati a bien répondu au voeu des responsables marocains en dénonçant la fermeture des frontières entre deux pays voisins et amis. «Je ne peux que déplorer la fermeture des frontières terrestres entre le Maroc et l'Algérie», a-t-elle affirmé lors d'une conférence de presse, vendredi soir à Tanger, en marge de sa participation aux Medays 2009 organisés par l'Institut Amadeus. Selon l'ex-ministre française de la Justice, cette situation est d'autant plus incompréhensible que le Maroc et l'Algérie «sont des pays amis, voisins et qui partagent la même histoire». Interrogé sur le même sujet, le ministre espagnol des Affaires étrangères a qualifié «d'inconcevable» la fermeture des frontières algéro-marocaines. Il est inconcevable que des frontières restent encore fermées dans la rive Sud de la Méditerranée, a souligné le ministre espagnol M.Moratinos. Il est «inconcevable que les frontières de deux pays méditerranéens voisins de la rive Sud de la Méditerranée soient jusqu'à présent fermées», a-t-il dit. Il ne s'agit que d'une autre forme de pression que pense exercer le Makhzen sur le pouvoir algérien afin qu'il se plie à la demande marocaine. Le mois dernier, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Taïeb Fassi Fihri, a choisi la tribune des Nations unies pour réitérer l'appel du pied du Maroc à l'Algérie sur ce même sujet. A l'occasion des travaux de la 64e session de l'Assemblée générale de l'ONU, le ministre marocain avait souhaité la réouverture de la frontière avec l'Algérie, fermée depuis 1994, ainsi que la reprise du dialogue pour normaliser les relations bilatérales entre les deux pays. Il avait demandé à l'Algérie de dépasser la question du dossier du Sahara occidental, pour examiner la requête en question. Or, la position de l'Algérie est très claire sur la question. La réouverture des frontières Ouest n'est pas d'actualité. Les conditions ne sont pas encore réunies. Le problème de la circulation des biens et des personnes aux frontières algéro-marocaines «n'est pas une question isolée et doit être prise dans un cadre général». Telle est la position de l'Algérie. La réouverture des frontières est liée à l'avenir du Maghreb. «Le problème de la circulation (des biens et des personnes) aux frontières ne peut être dissocié d'une approche globale de ce que nous voulons faire de notre Maghreb.»