Rythme n La 12e édition du Festival gnaoua et musiques du monde s'est achevée dimanche soir à Essaouira (sud). Une nouvelle fois, des dizaines de milliers de personnes ont vibré, lors de ce festival, à des harmonies associant rythmes africains et culte des saints de l'Islam. Mais au-delà de l'intérêt exprimé pour un rendez-vous musical qui draine chaque année près d'un demi-million de spectateurs, un nombre croissant d'entre eux trouve à ce festival des vertus... thérapeutiques. «Je viens chaque année au Festival d'Essaouira sur recommandation de mon médecin car la musique gnaouie m'apporte du réconfort et calme mon esprit», confie Fatima Ezahra Madri, une employée de 35 ans venue en «pèlerinage» depuis Tanger (nord), un trajet de 650 km. Hamid Rida, 18 ans, et sa mère Touria, qui habitent Rabat, partagent l'avis de Fatima. Comme elle et de nombreux touristes étrangers, ils viennent chaque année à Essaouira pour une «cure de santé». «La musique gnaouie me libère, je l'écoute souvent car j'ai toujours sur moi les cassettes des meilleurs maâlems» (grands maîtres), affirme, pour sa part, Fatima Ezahra, croisée à Bab Marrakech, une des quatre grandes scènes de ce festival qui a commencé le 25 juin. Samedi soir, Bab Marrakech a offert à plus de 30 000 spectateurs un concert inédit regroupant l'orchestre allemand de la WDR, le roi du raï (algérien) Cheb Khaled - enveloppé dans un drapeau marocain - et le maâlem Hamid El Kasri, avec la participation du percussionniste Rhani Krija. «En écoutant la musique gnaouie, je cherche à me revitaliser spirituellement», explique, quant à elle, Fabienne, une Bruxelloise de père belge et de mère marocaine, venue assister à d'autres concerts dans la médina (vieille ville) de l'ancienne Mogador. Le Festival d'Essaouira est «original et unique», dit-elle. «La musique gnaoua était en voie de disparition mais elle renaît de ses cendres». Mohamed Zidouh, un médecin, rappelle que «le son gnaoui (...) est sacré pour beaucoup de gens». Les gnaoua, ajoute-t-il, sont d'ailleurs souvent appelés «musiciens guérisseurs». «Cette musique libère et soigne des pathologies psychologiques», assure ce spécialiste. Au Maroc, les gnaoua se regroupent en confréries autour de maâlems. Leur musique associe apports africains, arabo-berbères et leurs adeptes s'adonnent à la pratique de la transe à des fins thérapeutiques. «Le festival est une magie où l'esprit est partout, estime André Azoulay, conseiller du roi du Maroc et président de l'association Essaouira-Mogador, à l'origine de festival. Selon lui, les gnaoua ont aujourd'hui «retrouvé leur noblesse. Ils viennent de toutes les villes du royaume, décidés à préserver leur authenticité».