Lacunes n Les services de renseignement américains ont étalé, hier, mercredi, leurs faiblesses, révélées par l'attentat manqué du vol Amsterdam-Detroit, devant des parlementaires qui ont réclamé les têtes des responsables. «Je veux être clair : Abdulmutallab n'aurait pas dû monter dans un avion le jour de Noël», a reconnu d'emblée devant la commission de Sécurité intérieure du Sénat le directeur du Centre de lutte antiterroriste (NCTC), Michael Leiter. «Le système de lutte antiterroriste a connu un échec collectif», a admis M. Leiter, dont l'agence, créée après le 11-Septembre, doit coordonner les différents services de renseignement américains. «J'ai dit au Président Obama que nous sommes déterminés à mieux faire», a-t-il ajouté, témoignant aux côtés de la ministre de la Sécurité intérieure et du directeur du renseignement national auprès de M. Obama. Cette commission du Sénat a diligenté une enquête pour faire la lumière sur l'attentat manqué du vol 253 et expliquer comment M. Abdulmutallab a pu déjouer les contrôles de sécurité et embarquer avec des explosifs cachés dans ses sous-vêtements. Le chef du NCTC a rappelé que les services de renseignement savaient qu'Al-Qaîda dans la péninsule arabique (AQAP) préparait peut-être des attentats aux USA et que le père du jeune homme avait indiqué aux autorités américaines que celui-ci était «sous l'influence d'extrémistes» au Yémen. «Nous avions une partie d'un nom, une indication sur un Nigérian, mais rien qui permette de tout mettre ensemble», a poursuivi M. Leiter. «Nous n'avons pas mis en corrélation les informations qui auraient permis d'identifier Abdulmutallab et de l'empêcher de monter dans l'avion», a-t-il admis. Les trois responsables ont été notamment sommés d'expliquer pourquoi le visa US du jeune homme ne lui avait pas été retiré, malgré les informations livrées par son père à l'ambassade des Etats-Unis au Nigeria. Certains sénateurs les ont pressés d'identifier des fautifs. «Nous sommes dans une guerre mondiale contre les terroristes islamistes qui nous ont attaqués le 11-Septembre (... ). Et nous sommes tous d'accord sur une chose : en guerre, des erreurs sont commises constamment», a déclaré le président de la commission. «Et dès qu'elles ont lieu, et que l'ennemi s'engouffre dans ces failles, immédiatement (...) vous établissez les responsabilités», a-t-il asséné. «Nous menons une enquête», a rétorqué le directeur du renseignement national auprès de M. Obama, disant attendre de savoir ce qui s'est vraiment passé pour prendre des mesures. «La menace évolue constamment», a remarqué la ministre de la Sécurité intérieure, pour qui cet attentat manqué démontre que «la sécurité aérienne est de plus en plus une responsabilité internationale». Dans l'immédiat, son ministère va se doter de 450 scanners corporels en 2010, contre 40 actuellement, et renforcer le nombre d'«air marshal», ces policiers en civil déployés sur certains vols.