Résumé de la 1re partie n C'est la rentrée au collège Meadowbank créé par miss Bulstrode et miss Chadwick. miss Vansittart souhaite la bienvenue aux arrivants… De temps en temps, pendant qu'elle (Ann Shapland) glissait une nouvelle feuille de papier dans sa machine, elle regardait par la fenêtre pour observer, intéressée, les arrivées. — Dieu me pardonne ! s'exclama-t-elle pour elle-même non sans respect. Je ne savais pas qu'il restait en Angleterre autant de chauffeurs de maître !... Elle sourit malgré elle en voyant s'éloigner une Rolls majestueuse tandis qu'apparaissait une Austin décatie. Il en sortit un père visiblement nerveux, suivi de sa fille qui paraissait bien plus calme que lui. Alors que le nouveau venu, incertain, marquait un temps d'arrêt, miss Vansittart sortit pour le prendre en charge : — Major Hargreaves ? Et vous êtes Alison ? Entrez, je vous prie. Je voudrais que vous puissiez voir par vous-même la chambre d'Alison. Je... Ann sourit et se remit à la tâche. — Cette bonne vieille Vansittart, dit-elle à mi-voix. La doublure par excellence. Elle peut imiter tous les gestes de la Bulstrode. Elle connaît son rôle sur le bout du doigt ! Une énorme Cadillac, d'une opulence presque incroyable, peinte de bleu azur et de framboise écrasée, tourna dans l'allée — non sans difficulté, compte tenu de sa longueur — et se rangea derrière la vénérable Austin de l'Honorable Alistair Hargreaves, major. Le chauffeur bondit pour ouvrir la portière. Un homme immense, barbu, très basané et vêtu d'une ample aba, en sortit, précédant une gravure de mode parisienne et une jeune fille mince et brune. «C'est probablement la princesse Machinchouette en personne, pensa Ann. Je ne peux pas l'imaginer en uniforme de collégienne, mais je suppose que ce miracle sera visible dès demain...» Aussi bien miss Vansittart que miss Chadwick firent leur apparition pour l'occasion. «On va les conduire en Sa Présence», décida Ann. Sur quoi, elle songea que, bizarrement, on n'avait guère le goût de plaisanter au sujet de miss Bulstrode. Miss Bulstrode était quelqu'un. «Tu ferais mieux de veiller aux fautes de frappe, ma petite, se gourmanda-t-elle, et de terminer ces lettres sans commettre de bourdes.» Non qu'elle eût l'habitude d'en faire. Elle aurait pu se vanter d'appartenir au-dessus du panier. Elle avait été l'assistante personnelle du directeur général d'une compagnie pétrolière, et la secrétaire privée de sir Mervyn Todhunter, célèbre à la fois pour son érudition, son irritabilité et son écriture illisible. Elle comptait parmi ses anciens employeurs deux membres du Cabinet et un haut fonctionnaire de rang élevé. Mais, au fond, elle n'avait jamais travaillé que parmi des hommes. (à suivre...)