L'Allemagne s'est qualifiée pour les quarts de finale du Mondial-2010 en humiliant l'Angleterre (4-1) dans un match marqué par un but anglais valable et refusé par l'arbitre, dimanche à Bloemfontein. A la 38e minute Lampard voyait — comme une bonne partie du public du stade de Bloemfontein — son ballon heurter la transversale et franchir nettement la ligne, ce que confirmaient les ralentis télé. Mais ni l'arbitre uruguayen Jorge Larrionda, ni ses assistants, ne le virent. L'Allemagne menait (2-1) à ce moment-là mais était en train de craquer, Upson ayant réduit le score la minute précédente ! Que se serait-il passé si ce but avait été accordé ? Fabio Capello, lui, en est certain : «le match aurait été différent après ce but». Même son de cloche chez Lampard : «Le ballon a franchi la ligne, il était dedans. C'était tellement énorme... Si nous étions revenus à 2-2 à ce moment-là, ça aurait été différent». Dans le match Argentine-Mexique (3-1), disputé un peu plus tard, il y a eu un avant et un après 26e minute c'est à cette minute-là que Tevez a ouvert le score sur un but manifestement hors-jeu, qui devait couper les jambes des Aztèques. Vingt-sixième minute, donc. Messi lance dans la surface Tevez qui se heurte au gardien mexicain, Perez. Le ballon revient à la limite de la surface de réparation dans les pieds de Messi qui tente une frappe piquée, Perez étant à terre. Le ballon est volontairement dévié de la tête par Tevez et entre dans le but. L'arbitre assistant, qui estime ce but valable, dresse son drapeau vers la ligne médiane et l'arbitre central, l'Italien Roberto Rosetti, s'y dirige également. Mais quelques secondes après, les deux écrans géants du stade de Soccer City diffusent un ralenti de l'action et la dévoilent entachée d'un net hors-jeu, avec la ligne matérialisée. Les images révèlent que Tevez, au départ du tir de Messi, n'est pas couvert par les défenseurs mexicains Juarez et Rodriguez. Un grand «oooh !» de surprise s'élève des tribunes et recouvre (un peu) les vuvuzelas pro-argentines fêtant l'ouverture du score. Les joueurs mexicains aperçoivent eux aussi ces images et lèvent les bras pour alerter le directeur du jeu. Certains se ruent sur l'assistant, d'autres vers M. Rosetti. Cela tombe bien mal pour la Fifa. Ces deux incidents vont nourrir le débat sur l'arbitrage-vidéo. Les deux plus grosses erreurs de l'histoire «C'est toujours l'Angleterre qui se fait voler» l Ce n'est pas la première fois que l'Angleterre quitte une Coupe du monde sur une colossale erreur d'arbitrage. Même si elle a été victime de ses propres manques face à l'Allemagne (1-4), cet épisode s'ajoute à ceux de 1986 et 1998. «Le football est un sport qui se pratique à onze contre onze et à la fin, c'est toujours l'Angleterre qui se fait voler.» La phrase, lâchée par un supporter anglais sur le site de la BBC hier dimanche, en dit long sur la frustration des supporters anglais. Au lendemain de la pire défaite de son histoire en Coupe du monde (4-1), l'Angleterre se pose deux questions : comment l'équipe de Fabio Capello, considérée comme une candidate au titre, a pu produire un jeu aussi pauvre en Afrique du Sud ? Et pourquoi elle est si souvent victime du sort en phase finale de Coupe du monde ? La main de Dieu, expulsion de Beckham et but refusé à Campbell Quand le chevalier du sifflet s'acharne sur les Anglais l Le tribut payé par les Anglais à l'arbitrage en Coupe du monde commence, il est vrai, à être lourd. Outre la main de Diego et la barre de Franky, il y a eu aussi dans un passé récent le superbe huitième de finale face à l'Argentine en 1998. Le carton rouge extrêmement sévère infligé à David Beckham en début de seconde période. Et plus encore le but de la tête de Sol Campbell en prolongation. Un but en or, qui aurait dû qualifier les joueurs de Glenn Hoddle. Mais il avait été refusé pour une faute bien peu évidente (imaginaire, disent les Anglais). Sur une saison, ça s'équilibre, dit-on. Et dans l'histoire? Reste que l'injustice faite à Lampard ne doit pas faire oublier que l'Angleterre, hier dimanche, ne méritait pas de se qualifier. Pour s'en rappeler, dans quelques années, il suffira de relire les mots de Steven Gerrard : «Je pense que ce but refusé a pesé, mais nous ne pouvons pas nous en servir comme excuse. Avec des si...» Avec des si, l'Angleterre ne se sentirait plus persécutée par l'arbitrage. Avec des si, qui sait, peut-être gagnerait-elle à nouveau un titre majeur ? Capello, le premier à sonner la charge l Personne ne peut savoir. Une chose est sûre : revoilà la polémique sur l'arbitrage dans sa forme actuelle, sans assistance vidéo. La Fifa et le Board, instance garante des lois du jeu, vont devoir affronter un nouveau tourbillon planétaire après la main de Thierry Henry, passeur décisif en novembre dernier dans le barrage retour qui qualifia la France aux dépens de l'Eire. Capello a été le premier à sonner la charge, jugeant qu'il était «incroyable» que la Fifa continue de refuser de recourir à la technologie. 1966-2010 : un gros clin d'œil de l'histoire l Ce but refusé, c'est un gros clin d'œil de l'histoire, avec les rôles inversés pour Anglais et Allemands, rappelant le but de Geoff Hurst en finale de la Coupe du monde 1966, contre l'Allemagne, qui nourrit la polémique depuis 44 ans. Le but avait été accordé mais les images n'ont jamais permis de prouver qu'il était valable. Retombées du but de Hurst ! ? l On laissera à chacun le soin de juger dans quelle mesure le but refusé à Frank Lampard en première période, alors que l'Allemagne menait 2-1, a pesé sur l'issue de ce huitième de finale. Mais c'est un fait, les Anglais ne sont pas vernis. Ils ont l'impression qu'on leur en veut. Depuis 1986, à l'exception de leur élimination en quarts de finale face au futur champion du monde brésilien en 2002 (1-2), soit ils ont disparu aux tirs au but, soit au terme d'un match entaché d'une erreur d'arbitrage. Parfois les deux d'un coup, d'ailleurs... «C'est à se demander si on peut perdre sans controverse. Peut-être qu'on paie encore et toujours le but de Geoff Hurst en 1966», tente de plaisanter Alan Shearer. FIFA, circulez, y a rien à voir ! l L'arbitrage doit-il avoir recours à la vidéo afin d'éviter les erreurs ? Il est vrai que la situation n'est plus tenable. Les arbitres ne peuvent plus être ridiculisés à ce point, prenant devant des milliards de téléspectateurs, des décisions ineptes. Il faut donc évoluer... Dunga : «Avec la vidéo, il n'y aura plus de controverses» l A propos du but refusé pour Lampard hier lors du match Allemagne-Angleterre, le sélectionneur national du Brésil, Dunga, a déclaré : «Si on met en place la vidéo, il n'y aura plus de controverses. De nombreuses personnes perdront leur emploi. Vous et moi, on serait probablement chez nous, et pas ici.