Verdict «La politique du rafistolage nous a fait perdre des footballeurs de talent» 259 aires de jeux ont été réalisées depuis 1997 au niveau de la wilaya d?Alger par la Direction de la jeunesse et des sports (DJS). «C?est très peu», assène un agent de la cellule Investissement de ladite direction. Le même constat est fait par l?association Ouled el-Houma qui, tout en refusant de clouer quiconque au pilori, évoque «l?absence totale de stratégie en direction de la jeunesse». Selon notre interlocuteur de la DJS, «hormis le sud d?Alger, il n?y a pratiquement pas la moindre parcelle de terrains disponible pour ériger des complexes de proximité. Nous n?allons tout de même pas construire ces complexes sur des zones agricoles !», a-t-il insisté sur un ton tragi-comique, lui qui se dit pertinemment convaincu que «les aires de jeux au niveau des cités ne règlent pas le problème des terrains vagues rongés par le béton depuis quelques années». La DJS renvoie, dans ce cas précis, la balle aux 52 APC de la wilaya d?Alger. «Nous travaillons en fonction des besoins de nos différentes APC, mais les responsables locaux ne cessent de ressasser la même chose : pas de terrains disponibles.» Le problème des gamins et jeunes, culottes et souliers rapiécés ne trouvant pas d?aire de jeux pour s?exprimer librement, est aussi celui de l?association Ouled el-Houma. Son président, Abderrahmane Bergui, brosse un tableau dramatique : «Comment voulez-vous que notre football, pour ne parler que du sport-roi, redevienne ce qu?il était alors que les terrains vagues sont en voie de disparition et que les complexes de proximité sont de plus en plus rares ?» Pour cet ancien arbitre international qui s?est reconverti dans le créneau «interquartiers», «la solution doit venir obligatoirement d?une stratégie à long terme et non pas des sempiternelles politiques du rafistolage qui nous ont fait perdre des générations de footballeurs talentueux». «Avec l?absence de terrains vagues, la rareté des complexes de proximité, les jeunes risquent de subir malheureusement les affres de l?oisiveté et ce que cela engendre comme fléaux sociaux. Le problème se pose surtout aux jeunes des quartiers déshérités», ajoute M. Bergui, en fin connaisseur, lui dont l?association trouve mille et un problèmes pour chapeauter les interquartiers. «Les jeunes nous interpellent chaque jour. Ils souffrent pratiquement tous de la même chose : l?absence des terrains où passer des après-midi paisibles.» conclut-il. Les aires de jeux érigées à proximité des cités déshéritées, n?ont pas pu, elles, combler le vide. Malheureuse jeunesse?