La jeune fille ne resta pas longtemps dans l'arbre. Un jeune homme aux pendants d'oreilles en argent qui passait par là l'appela : «Que fais-tu là-haut ?» «J'ai trouvé une aiguille dans une botte de foin. Je l'ai donnée à mon père, qui en avait besoin pour coudre une ceinture. Par malchance, il l'a cassée, alors il m'a donné un melon pour me dédommager. Maman a mangé le melon, mais elle m'a donné en échange du miel. Mes frères ont mangé le miel et ils m'ont donné une hache. Cette hache, le bûcheron l'a brisée en abattant un arbre. Alors, il m'a donné un gâteau que les faisans ont picoré. Les faisans m'ont donné leurs plus belles plumes que les enfants du village ont cassées. Les enfants m'ont donné du lait de brebis que le chat a bu. Le chat s'est sauvé dans l'arbre, je l'ai suivi et maintenant je ne sais pas descendre.» Le jeune homme aux pendants d'oreilles en argent dit : «Ne crains rien, je vais t'aider !» Il mit une botte de foin sous l'arbre et invita la jeune fille à sauter. Celle-ci poussa un cri en touchant le sol : «Aïe !» Elle s'était enfoncé une aiguille dans le pied. «Donne-moi cette aiguille», demanda le jeune homme. Elle la lui donna et il s'en alla au village. L'épouse du chef était en train de coudre une robe devant sa maison. En enfilant l'aiguille, elle la laissa tomber et la perdit. La femme du chef soupira : «Quelle malchance ! je n'ai pas d'autre aiguille !» «Je vais t'en donner une, à condition que tu me donnes un poulet en échange», proposa le jeune homme. «Un poulet contre une aiguille ?» s'étonna la femme. Mais le jeune homme insista : «Oui, un poulet contre une aiguille !» Que représente un poulet aux yeux d'une épouse de chef riche ? La femme rit et donna un beau poulet au jeune homme, car elle voulait continuer sa couture. Le jeune homme aux pendants d'oreilles en argent prit le poulet et le porta à la jeune fille. «J'ai échangé l'aiguille contre un poulet. Fais-le rôtir, mange-le, mais garde-m'en une cuisse.» La jeune fille fit rôtir le poulet et le mangea, mais elle mit de côté une cuisse pour le jeune homme. Celui-ci la prit et s'en alla à la ville. En chemin, il rencontra un chef, accompagné de quelques cavaliers. Le jeune homme se mit à crier : «J'échange une cuisse de poulet contre un cheval ! J'échange une cuisse de poulet contre un cheval !» Les cavaliers rirent et continuèrent leur chemin. L'un d'entre eux, cependant, celui qui montait un beau cheval blanc, s'arrêta, prit la cuisse des mains du jeune homme et la mangea. Il jeta l'os et déclara en riant : «Maintenant, tu ne pourras plus échanger la cuisse contre un cheval !» Sur ce, il s'en alla au galop. Le jeune homme suivit le groupe en courant. Lorsque le chef donna l'ordre de s'arrêter pour se reposer, il se présenta devant lui et lui parla hardiment : «Tu as tort de laisser tes hommes voler les pauvres gens !» Le chef fronça les sourcils : «Qui a volé les pauvres gens ?» cria-t-il. «Le cavalier au cheval blanc. Il a pris ma cuisse de poulet sans payer ce que j'ai demandé.» Le chef appela le cavalier : «Est-il vrai que tu as pris la cuisse de poulet de ce jeune homme ?» «Oui, c'est vrai.» «Lui as-tu payé ce qu'il a demandé en échange ?» «Non. Il demandait un cheval pour sa cuisse de poulet.» Le chef se renfrogna davantage : «Si tu trouvais le prix excessif, tu n'avais qu'à ne pas manger la cuisse.» (A suivre...)