Aux temps anciens, un bûcheron très pauvre était contraint de se rendre tous les jours dans la forêt. Il coupait du bois qu'il vendait. C'était ainsi qu'il nourrissait ses enfants. Un jour, sa hache resta coincée dans le tronc sur lequel il venait de cogner. Le pauvre homme essaya de toutes ses forces de la dégager mais rien n'y fit. En désespoir de cause, il dit à haute voix : — Je donnerai ma fille Aïcha en mariage à celui qui m'aidera à retirer ma hache. Soudain, comme par miracle, la hache se dégagea. Le bûcheron continua à couper le tronc quand un homme apparut et s'adressa à lui : — Tiens, je te donne cette meule à grain. Emporte-la chez toi, et chaque jour ta femme aura de la farine pour pétrir le pain et rouler le couscous. Mais personne ne doit la voir. Recommande bien à ta femme de la recouvrir et de la garder loin des yeux indiscrets, sinon elle perdrait tout pouvoir. C'était un Djinn qui vivait là, le même qui lui fit récupérer sa hache. Le bûcheron remercia et emporta le moulin qu'il donna à sa femme tout en lui recommandant : — Attention ! Personne ne doit voir ce moulin à grain. Recouvre-le bien après chaque utilisation. Tu n'auras qu'à retirer le drap pour avoir de quoi pétrir le pain et rouler le couscous. Elle promit. Ils vécurent de ce don et le bûcheron n'eut plus besoin d'aIler couper du bois ; les voisins l'ayant remarqué s'étonnèrent : — Comment donc nourrit-il sa famille maintenant qu'il ne bouge plus de chez lui ? Un jour que Aïcha, la fille du bûcheron, jouait avec ses camarades, elles l'interrogèrent : — Comment faites-vous pour manger alors que ton père ne va plus travailler ? — Mon père ? Ah ! Mais il a reçu d'un homme, dans la forêt, une meule à grain magique. Nous n'avons même pas besoin de moudre le grain, la meule nous donne de la farine pour le pain et la semoule pour le couscous. Voilà comment les voisines découvrirent la bonne fortune du bûcheron. Pleines de dépit, elles insistèrent auprès des jeunes filles : — Allez jouer avec Aïcha la fille du bûcheron et rusez pour qu'elle vous montre cette meule magique. Un jour, en l'absence du bûcheron et de sa femme, Aïcha céda et invita ses camarades à venir voir la meule. Soulevant le drap, elle dit : — Regardez, la voici ! Le soir lorsque la femme du bûcheron voulut se servir en farine, la meule resta vide. Elle en avisa son mari : — La meule a perdu son pouvoir. Elle ne donne plus de farine. L'homme qui avait compris ce qui s'était passé, soupira : — Dis-moi plutôt de reprendre ma hache et d'aIler au travail. Dès le lendemain, il reprit sa hache et reprit le chemin de la forêt. Soudain, l'homme lui apparut. — Mais je t'ai donné une meule à grain. Qu'en as-tu fait ? — Elle a perdu ses pouvoirs, répondit le malheureux. Le Djinn lui donna un nouvel objet magique et lui annonça : — Ecoute bûcheron ! Demain, il y aura un orage. La pluie, la grêle et la neige tomberont. L'orage sera si violent que personne ne pourra sortir. Moi je me présenterai sous l'apparence d'un mendiant. Je crierai : «Au nom de Dieu ! L'aumône !» Tu demanderas alors à Aïcha ta fille de m'apporter un peu de nourriture. J'en profiterai pour l'enlever car n'oublie pas que c'est à moi que tu l'as promise j'ai retiré ta hache du tronc. — Je n'ai pas oublié, répondit le bûcheron. Elle est à toi. (à suivre...)