Tensions - Poste de contrôle tous les 300 mètres, murs de sacs de sable, tirs, déploiement de blindés : la banlieue nord de Damas est en état de siège. «Nous nous excusons, cette route ainsi que toutes les voies menant à Douma sont bloquées pour le moment et jusqu'à nouvel ordre», affirme un militaire de l'armée syrienne, à l'entrée de la ville de Harasta, près de Douma, sans fournir d'explication. Le 21 janvier dernier, des dissidents avaient brièvement pris le contrôle de Douma, une ville de 100 000 habitants, après de violents combats avec les forces de sécurité, avant de s'en retirer. Depuis jeudi dernier, l'armée régulière mène une offensive contre Douma et les localités voisines, théâtres d'affrontements avec des soldats déserteurs. Partout, des soldats renforcent leurs positions et se retranchent derrière d'innombrables sacs de sable alors que d'autres, déployés à l'entrée des localités voisines, contrôlent les voitures et vérifient l'identité des passagers, à la recherche d'éléments armés ou recherchés par les autorités. Plus loin, les impacts de tirs de mitrailleuses et les trous d'obus sur la façade d'un bâtiment public d'une dizaine d'étages dominant la grande autoroute qui longe les localités assiégées témoignent de l'intensité des combats qui ont récemment opposé l'armée aux déserteurs. Un panneau publicitaire proclame : «Je suis en faveur de la loi.» Un autre assure : «Le peuple syrien est un peuple uni. Que Dieu le protège.» De part et d'autre de l'autoroute, le tissu urbain laisse souvent place à des champs et des vergers qui facilitent l'infiltration et l'évasion des déserteurs. Ils «se cachent le jour et attaquent la nuit», affirme un habitant de Harasta. Mais des centaines de soldats lourdement armés sont désormais positionnés pour parer à toute offensive. Par le nord, par l'est ou par le sud, la zone est encerclée et le dispositif serré, limitant fortement les déplacements. Au sud, dans la banlieue animée de Jaramana et de Mleha, les artères menant vers le nord et les zones assiégées de Saqba, Kfar Batna et Hammourieh sont soumis à des contrôles d'identité très stricts. Les ruelles sinueuses et étroites, où les pluies incessantes de ces derniers jours ont laissé de grosses flaques d'eau, donnent aux lieux un air mélancolique, accentué dans la pénombre de la nuit quand l'électricité est coupée. Les autorités, qui ne reconnaissent pas l'ampleur du mouvement, assurent que les troubles sont dus à des groupes terroristes pilotés de l'étranger, et qu'ils ont déjà coûté la vie à plus de 2 000 membres des forces de l'ordre.