Fléau - Le cauchemar vécu par l'USM Alger, samedi au stade du 13-Avril-58 de Saïda, continue de faire débat et repose de nouveau la problématique de la violence dans nos enceintes sportives. Des sanctions sont tombées hier, après les délibérations de la ligue de football professionnel qui a promis de frapper fort : huit matchs à huis-clos pour le MC Saïda, qui devra jouer toutes ses rencontres à domicile en dehors de la ville, voire même de la wilaya, la suspension de l'entraîneur adjoint pour deux ans pour motif d'incitation à la haine et aux troubles, et une amende financière de 200 000 DA. Evidemment, la LFP n'a fait qu'à appliquer le règlement et le barème des sanctions, tout en annonçant, tout comme la fédération algérienne de football, de se saisir du dossier pour frapper plus. Question : est-ce que ces sanctions vont arrêter ou influer sur le fléau de la violence qui ronge non seulement le sport roi, mais toute la société ? Et il n'y a qu'à se reférer aux chiffres officiels et aux témoignages sur la criminalité, le banditisme, la violence sous toutes ses formes dans notre socièté pour comprendre et mesurer l'ampleur du danger. Toutes les voix se sont levées pour condamner fermement ce qui s'est passé à Saïda, comme ce fut le cas au stade du 5 juillet il y a seulement quelques jours lors du derby USMA-USMH en coupe d'Algérie et dans toutes les contrées du pays, car il n'y a pas une journée de foot qui passe sans qu'il n'y est des dépassements quelque part. des faits très graves sont rapportés par la presse et par les équipes et les supporters tombés dans le piège de la violence. Une violence devenue ordinaire, et érigée même en mode d'expression et d'outil de manipulation. Même l'Etat avoue son impuissance devant ce fléau, comme l'avait reconnu le premier ministre en personne lorsqu'il a désigné les barrons de l'informel d'être derrière les émeutes de janvier 2011. Cela veut dire que des cerles mafieux puissants sont prêts à enflammer le pays pour défendre leurs intérêts sordides. Mais est-ce pour autant baisser les bras ? Non, car le football n'est pas un épiphénomène, et il n'est plus l'opium du peuple, comme le décrivaient certains à une époque. Car à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler. La complicité des dirigeants, de certaines autorités et même parfois des services de l'ordre sont flagrantes et encouragent la violence, à travers non seulement du laxisme, mais aussi des incitations à l'agression. Combien de fois nous n'avons pas assisté à des témoignages du genre : «Je veux préserver le calme de ma ville ou de ma wilaya, quitte à utiliser tous les moyens pour permettre à l'équipe locale de gagner, car l'adversaire quittera les lieux sitôt le match terminé, après c'est à nous de faire face à des jeunes en furies capables du pire». Le pire, c'est ce qu'a vécu aussi l'équipe de Saïda, aujourd'hui lourdement sanctionnée, à Oran une semaine auparavant. Cette ville d'Oran qui a connu des émeutes très graves il y a quelques saisons seulement à cause de la relégation du club-phare. Alors, on se prémunit comme on peut pour contenir la rage qui sommeille chez une frange des supporters qui viennent à peine conscients au stade, armés et prêts à en découdre. Les stades loin d'être aux normes, gérés à la hussarde et offrant les conditions d'une arène de gladiateurs, deviennent alors l'endroit idéal pour s'adonner à toutes les violences. «Alors quitte à arrêter le football», comme l'a dit Meziane Ighil, entraîneur de l'USMA, car aucune vie humaine, y compris celle d'un hoolgan, ne vaut les trois points d'un match ou un titre quelconque. La décision R. Haddad : «Continuer le championnat même avec des juniors» Le directeur général de l'USMA, Rebbouh Haddad, a affirmé hier que son équipe continuera le championnat même s'il faut faire appel aux services des juniors. «La volonté est toujours là et nous ferons en sorte à ce que le sang versé à Saïda ne l'ait pas été vainement. Nous ferons tout notre possible pour maintenir le club en haut. Certains sont jaloux de notre réussite et essayent par tous les moyens de nous casser, mais cela ne fait que nous rendre plus forts». Revenant sur ce qui s'est passé à Saïda, Haddad a estimé qu'il s'agit tout simplement d'une manière de casser l'USMA. «Dans tous les stade du monde, les supporters du club hôte exercent une pression sur les joueurs de l'équipe adverse pour essayer de les déstabiliser et aider, par la même occasion, leur équipe à en venir à bout. Mais c'est de bonne guerre. Ce qui est inacceptable, c'est ce que nous avions enduré. Il y a eu prémidation de meurtre. Le simple fait qu'un supporter se présente au stade muni d'un couteau prouve qu'il veut faire très mal. Le deuxième fait qui prouve qu'il y avait intention de tuer, c'est la façon avec laquelle le couteau a été utilisé contre Laïfaoui. Quand vous frappez quelqu'un au bras ou à la cuisse est une chose, mais lorsque vous lui plantez une lame de plusieurs centimètres de long entre les côtes, en essayant d'atteindre des organes vitaux comme les reins ou les poumons, cela veut dire que vous cherchez carrément à lui ôter la vie. Nous avons fait ce qu'il y avait à faire en saisissant les hautes instances du football national. Mais pour le reste, on préfère attendre encore un peu. Les trois principales choses que nous demandons sont : que le MCS soit sévèrement sanctionné. Que la Ligue fasse jouer tous les matchs restants à huis clos et que la DGSN ouvre une enquête concernant le commissaire de police qui était chargé d'assurer notre sécurité à Saïda», a-t-il déclaré lors de la conférence de presse. Le calvaire Bouchema : «Cela aurait été pire» Nassim Bouchema, l'un des joueurs qui a été sévèrement agressé en plus de Laïfaoui, est toujours sous le choc. Avec beaucoup d'émotion, il a relaté ce qu'il a vécu à Saïda. «Nous devions rester toujours groupés, mais au coup de sifflet final, j'étais dans la surface adverse et donc loin de mes coéquipiers. Dans un premier temps, je voulais rejoindre le rond central, mais les satdiers m'ont rattrapés. J'ai tenté de monter dans les gradins où étaient nos supporters, mais là encore, on m'a rattrapés. Je n'ai pas pu leur échapper. Ensuite, j'ai perdu conscience et ce n'est que bien plus tard que j'ai retrouvé mes esprits. Je remercie Dieu car cela aurait pu être pire», a-t-il déclaré. La peur Khoualed : «J'ai pensé que Nassim était mort» Présent à la conférence de presse, Nasreddine Khoualed était peut être le plus chanceux parmi ses coéquipiers. Ayant reçu un coup à la tête durant le match, Khoualed a réussi rejoindre la tribune avant l'envahissement du terrain. Il a affirmé que ce sont les supporters de l'USMA qui l'ont protégé. Mais à propos de ce qu'il a vu, notamment lorsque Bouchema se faisait agresser, Khoualed avait presque les larmes aux yeux. «En voyant Bouchema à terre, j'avais vraiment très peur pour lui. Il était seul contre plus d'une centaine d'individus. Ils ont continué à le rouer de coups et moi, à partir des tribunes, j'assistais impuissant à la scène. A un moment donné, en le voyant inconscient sur le terrain, j'ai cru qu'il était mort. Nous sommes tous revenus de loin», a-t-il affirmé. La sanction Seulement 8 matches à huis clos La commission de discipline de la LFP a infligé huit matches de suspension au stade de Saïda, assortis du huis clos pour toutes les rencontres du MCS. De ce fait, l'équipe des Eaux minérales accueillira ses hôtes en dehors de ses bases. «Le stade de Saida a été suspendu pour une durée de 8 matches et le MC Saida accueillera ses adversaire hors de ses bases et à huis clos pour le reste de la compétition et s'acquitter d'une amende de 200 000 DA», a indiqué à l'APS le président de la commission de discipline de la LNF, Hamid Heddadj. Ces sanctions ont été prononcées au lendemain des graves incidents qui ont émaillé le match MCS-USMA. Six joueurs et un dirigeant de l'USM Alger ont été blessés dans ces actes de violence, qui ont éclaté juste après la fin du match. Devant la gravité de la situation, les observateurs s'attendaient à des sanctions plus lourdes suite aux dangereux dérapages enregistrés avant, durant et après la rencontre MCS-USMA. Ce qui s'est passé à Saïda est très grave, chose que ne semble pas mesurer les membres de la commission de discipline qui s'est basée sur un simple compte rendu technique des officiels du match alors que les faits exigent une commission d'enquête à même de recenser tous les dépassements et surtout de déterminer les responsabilités.