En 510 avant J.-C., le roi de Perse, Darius, chargea le Grec Scylas d'explorer la région. Il partit de l'embouchure de l'Indus, en Inde, contourna l'Arabie et parvint en Egypte, en passant par le nord de la mer Rouge. Nous ne savons rien de cette aventure qui a été sans doute suivie par d'autres. Il faudra attendre le premier siècle de l'ère chrétienne pour qu'une expédition importante soit organisée. Strabon rapporte dans sa Géographie qu'en 25 ou 24 après J.-C., l'empereur romain Auguste, à qui on avait parlé des richesses de l'Arabie heureuse, chargea Aelius Gallus d'organiser une expédition. Le général partit d'Egypte avec une solide armée composée de cent trente navires. Il débarqua sur les côtes d'Arabie, s'empara de Nadjran et pénétra dans le désert. Mais la chaleur, la soif et les maladies décimèrent rapidement les hommes. Ceux qui restaient furent harcelés par les tribus nomades. Ils ne réussirent pas à atteindre leur objectif. Les rescapés furent acculés à rebrousser chemin pour échapper à une mort certaine. Pour masquer leur échec, les Romains déclarèrent que l'Arabie était une terre inhospitalière. Saba garda sa puissance et sa richesse pendant des siècles. Nous en parlerons encore dans le chapitre suivant, à propos de sa capitale, Ma'rib et de sa fameuse digue. Mais le puissant royaume connut des dissensions et des difficultés et, comme toutes les autres civilisations, il finit par péricliter avant de s'effondrer. L'islamisation de la péninsule Arabique allait le faire oublier. C'est que Saba, comme l'Egypte pharaonique, représentait le paganisme.