On sait que la tradition musulmane la nomme Balqis. Ce nom est encore aujourd'hui attesté au Yémen où le fameux temple Awwam de l'Antiquité sud-arabique est appelé Mahram Balqis : le Temple de Balqis. Dans la tradition éthiopienne, la reine de Saba s'appelle Makéda. Selon la légende, elle était la fille d'Abou Foutouh' (en arabe, le père des victoires), gouverneur de la colonie sabéenne située sur la rive africaine de la mer Rouge. Abou Foutouh' convoita l'or que les caravanes apportaient du pays d'Aroué, au cœur de l'Afrique, il résolut de s'en emparer. Il partit avec dix hommes et sa fille qu'il présenta au roi Aroué : celui-ci qui était noir et qui n'avait jamais vu de femme blanche, fut subjugué par la beauté de Makéda. Abou Foutouh' réussit à le tuer et à imposer sa fille comme reine. Dans une autre version, le père de Makéda était croyant et adorait le Dieu unique, mais son peuple était païen et payait un lourd tribut à des génies dont il avait peur. Il y avait surtout un gigantesque serpent qui terrorisait les villageois et auquel il fallait faire des sacrifices humains. Le roi conçut alors une ruse pour s'en débarrasser. Il fit absorber un violent poison à une chèvre et la fit déposer à l'entrée de la grotte où se tenait le serpent. Celui-ci, alléché par la viande, sortit et la dévora. Il mourut aussitôt. Abou Foutouh' régna longtemps et, avant de mourir, recommanda à son peuple, qui s'était converti à sa foi, d'accepter sa fille comme reine. M. A. H.