Ch. Robin, spécialiste de l'épigraphie arabe antique, écrit à ce propos : «Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la présence d'une femme sur le trône d'un royaume d'Arabie n'a rien d'invraisemblable.» En effet, les chroniques assyriennes signalent l'existence de plusieurs reines qui avaient régné aux VIIIe et VIIe siècles avant J.-C. sur le pays d'Aribi, c'est-à-dire l'Arabie. C'est le cas de Zabibé, qui régna au VIIIe siècle avant l'ère chrétienne sur l'oasis de Djumat Al Jandal. Sa tribu, Qeda, est mentionnée dans les inscriptions sud-arabiques et dans L'Ancien Testament. Une autre reine, Samsi, est signalée pour avoir rompu, en 733, son alliance avec le roi Tiglath Piliser III. Les sources rapportent qu'elle fut vaincue et chassée dans le désert. Mais la même Samsi, ou une anonyme, est signalée de nouveau en 715 : elle avait fait allégeance à Sargon, le successeur de Tiglath Piliser. Une troisième reine est signalée en 703, Yati, mais à propos de son frère, Basqamu, qui s'était opposé à Sannaschlubit et qui fut vaincu. Ces mentions, si elles prouvent l'existence de reines en Arabie, ne résolvent pas, cependant, le problème de la reine de Saba du Coran (et de L'Ancien Testament). Salomon a régné au Xe siècle avant J.-C., or les plus anciennes sources écrites dont nous disposons à propos de royaumes d'Arabie ne remontent pas au-delà du VIIIe siècle. Si on doit se fier uniquement à ces sources, Balqis n'a pas pu rencontrer Salomon ! M. A. H.