Résumé de la 40e partie - Pour Sophia, Brenda a un don, celui de brouiller les gens... Clemency et Roger n'ont qu'une femme de ménage, qui vient quelques heures par jour. Clemency a horreur des domestiques... et, si Roger ne déjeunait pas chaque jour dans la Cité, il mourrait de faim, un repas consistait, pour Clemency, en quelques feuilles de laitue, quelques tomates et des carottes crues. Nous, nous avons des bonnes de temps à autre, mais le jour finit toujours par arriver où maman pique une colère et les flanque à la porte. Alors, on prend des remplaçantes, qui viennent pendant vingt-quatre ou quarante-huit heures. Nous sommes actuellement dans une de ces périodes-là. Nannie, elle, représente l'élément stable et, en temps de crise, c'est elle qui assure tout le service. Maintenant, vous savez tout ! Elle sortit là-dessus. Je me laissai tomber dans un vaste fauteuil et m'abandonnai à mes réflexions. Je connaissais maintenant le point de vue de Brenda et celui de Sophia, qui se trouvait être celui de toute la famille, Les Leonidès, je le comprenais fort bien, ne pardonnaient point à une étrangère de s'être introduite parmi eux, par des moyens qu'ils tenaient pour odieux. Leur position était assez légitime. Seulement, l'affaire présentait un côté humain, dont ils se refusaient de tenir compte. Ayant toujours été riches et bien pourvus, ils ne s'expliquaient pas les ambitions de ceux qui n'ont jamais rien possédé. Brenda avait voulu conquérir tout ce dont elle avait toujours été privée : l'argent, les jolies choses, la sécurité, un foyer. Tout cela, elle l'avait eu. En revanche, elle prétendait avoir fait le bonheur de son vieil époux. Quand elle m'avait conté son histoire, je lui avais accordé toute ma sympathie. Devais-je, maintenant, la lui retirer ? Le problème était complexe. Il y avait deux façons de considérer la situation. Quelle était la bonne ? J'avais très peu dormi la nuit précédente, ayant dû me lever très tôt pour accompagner Taverner. L'atmosphère du salon était surchauffée et lourde de parfums, mon siège confortable et admirablement rembourré. Je fermai les paupières... Quelques minutes plus tard, je dormais. Je me réveillai si doucement que je ne me rendis pas compte tout de suite que je m'étais assoupi. Dans une demi-conscience, je discernai vaguement, un peu au-dessus de moi, une tache blanche qui semblait flotter dans l'espace. Il me fallut quelques secondes pour recouvrer toutes mes facultés et comprendre que cette tache blanche était bel et bien un visage, tout rond, celui d'une petite fille maigrichonne, dont je remarquai surtout qu'elle avait de beaux cheveux châtains, coiffés en arrière, et des yeux très noirs et globuleux, qui semblaient vouloir sortir de l'orbite. L'enfant me regardait fixement. — Bonjour ! dit-elle. (A suivre...)