Résumé de la 24e partie - Taverner semble intrigué par Mr Laurence Brown, engagé par Aristide Leonidès pour s'occuper des enfants de son fils Philip... Je dois ajouter qu'il s'est montré un professeur consciencieux et compétent. — Il ne réside pas dans cette partie de la maison ? — Nous manquions de place. — Avez-vous jamais remarqué – vous me pardonnerez de vous demander ça – quelque signe d'intimité entre Laurence Brown et votre belle-mère ? — Je n'en ai jamais eu l'occasion. — Vous n'avez jamais rien entendu dire à ce sujet ? — Par principe, inspecteur, je n'écoute pas les ragots. — Vous avez raison. Donc vous ne savez rien là-dessus ? — Rien. Taverner se leva. — Eh bien, monsieur Leonidès, il ne me reste plus qu'à vous remercier. Je sortis sur ses talons. — Fichtre ! dit-il, une fois dans le couloir. Voilà ce que j'appelle un client dur à manier. — Et maintenant, poursuivit Taverner, allons bavarder avec Mrs Philip, au théâtre Magda West. — Une bonne actrice ? demandai-je. — Une de celles qui pourraient avoir du succès, me répondit-il. Elle a paru en vedette une fois ou deux sur des scènes du West End, elle a un nom dans le répertoire classique et on pense beaucoup de bien d'elle dans les théâtres fréquentés par les snobs. A mon avis, le fâcheux, pour elle, c'est qu'elle n'a pas besoin de jouer la comédie pour vivre. Elle peut choisir les pièces qu'elle veut interpréter et, à l'occasion, mettre de l'argent dans une affaire pour paraître dans un rôle dont elle s'est toquée et qui, généralement, ne lui convient pas du tout. Conclusion : on la considère plutôt comme un amateur que comme une professionnelle. Elle a du talent, notez bien, mais les directeurs ne l'aiment pas. Ils prétendent qu'elle est trop indépendante et que c'est une faiseuse d'histoires, avec qui on n'en a jamais fini. Est-ce vrai ? Je l'ignore, mais je sais que ses camarades artistes n'ont pas pour elle une sympathie exagérée. Sortant du grand salon, Sophia venait informer l'inspecteur que Mrs Leonidès était prête à le recevoir. Je pénétrai dans la pièce derrière lui et j'aperçus, trônant sur le vaste canapé, une femme que j'eus tout d'abord quelque peine à reconnaître. Elle portait un ensemble gris d'un goût parfait, dont la veste ouvrait sur un chemisier d'un mauve très pâle, orné d'une broche qui était un fort beau camée. Sa blonde chevelure s'enlevait au-dessus de sa tête en un échafaudage charmant et compliqué. Son nez, que je remarquais pour la première fois, était menu et spirituellement retroussé. Il me fallut un instant pour identifier cette femme pleine de grâce avec la tumultueuse créature que j'avais vu un peu plus tôt dans un négligé couleur de pêche que je n'oublierai jamais. (A suivre...)