«L'homme est un apprenti, la douleur est son maître.» Ce dicton trouve toute sa signification ici. 11 ans après, la mémoire collective est toujours marquée par la catastrophe qui a fait des centaines de morts et de blessés et un nombre indéterminé de disparus. Si on revient dessus aujourd'hui, ce n'est pas pour s'auto-flageller, mais c'est parce que c'est des expériences du passé que les meilleurs enseignements peuvent être tirés. Des bilans approximatifs font état de 800 morts, de plusieurs centaines de blessés et d'un nombre, non encore précisément établi, à ce jour, de disparus. Les flots impétueux qui dévalèrent tout le long de la route du Frais-Vallon, reliant ce quartier populeux à El Biar et Bouzaréah, emportèrent sur leur chemin de nombreux piétons et des dizaines de véhicules automobiles. Sur leur passage ils détruisirent également plusieurs habitations et ravagèrent de nombreux commerces. L'inondation charriant des dizaines de milliers de tonnes de boue emporta jusqu'à la mer, tout ce qu'elle trouvait sur son passage. De nombreuses personnes ne durent leur salut qu'au réflexe de sauveteurs improvisés dont certains trouvèrent la mort en tentant de leur porter secours. Il suffit aujourd'hui d'une simple averse pour que les visages se crispent, que les craintes reviennent. Une catastrophe aggravée par la prolifération des constructions anarchiques et l'incapacité du collecteur d'eaux de la commune à capter l'importante quantité d'eau déversée. En 2006, la construction d'un second collecteur d'eaux de pluie reliant la commune de Bouzaréah à celle de Bab El-Oued a été lancée. Baptisé «collecteur de Oued-M'kacel», ce dernier devrait protéger contre les inondations, le quartier de Bab El-Oued en cas de crue. Cette nouvelle réalisation s'inscrit en droite ligne avec le dédoublement de l'oued et des travaux du premier collecteur d'assainissement effectués après la catastrophe naturelle de novembre 2001. La mise en service de cet ouvrage devrait permettre la récupération des eaux usées et des eaux pluviales de plusieurs communes. Bien qu'il ne soit pas encore totalement achevé, notamment pour ce qui concerne les travaux connexes et les raccordements nécessaires, ce dernier devrait pouvoir au stade où en sont les travaux, protéger le quartier de Bab El-Oued en cas d'inondations. C'est du moins ce qu'affirmait encore l'année dernière, date de sa réception, le directeur de l'hydraulique (DHW), Smaïl Amirouche. Réalisé par le groupement Bessac/Hydro-Technique pour un coût de 5,5 milliards de dinars, l'ouvrage, conçu sous forme d'un tunnel de 4 m de diamètre enfoui à 57 m de profondeur, a vocation de capter les eaux pluviales qui viennent du bassin versant de Bab El-Oued pour les rejeter à la mer. En outre et pour une meilleure efficacité, des ouvrages de liaison ont été programmés pour raccorder au collecteur les réseaux existants et les différents sous-bassins versants : les oueds Baranès, Sidi Medjbar, Frais-Vallon, Scotto-Nadal et Jobert. Lyes Sadoun