L'on se rappelle de la tragédie du 10 novembre 2001, qui a endeuillé Bab El Oued, suite à la furie des eaux qui ont emporté un millier de personnes et causé des dégâts matériels considérables. Les images du grondement des eaux dévalant des hauteurs de la ville (Bouzaréah, Frais-Vallon) vers les quartiers en aval (Oued Koriche et Bab El Oued), en direction de la mer, sont toujours gravées dans les mémoires. Les pluies ont été effectivement d'une ampleur exceptionnelle, mais cette catastrophe ne met pas moins en cause, faut-il le souligner, plusieurs facteurs aggravants, dont la construction d'une autoroute dans le lit d'un oued et l'insuffisance, sinon l'absence d'entretien des exutoires et galeries d'évacuation des eaux de pluie vers la mer. D'ailleurs, le 23 janvier 1937, le maire de la ville d'Alger a, dans une correspondance adressée au préfet du département, tiré la sonnette d'alarme sur « une éventuelle catastrophe de Oued M'kacel ». Il lui faisait part de « la gravité de la situation et de la nécessité des mesures à prendre ». On ne dut s'apercevoir de l'énormité des dégâts que 64 années plus tard. Une catastrophe qui a mis les pouvoirs publics devant le fait accompli. Il fallait entreprendre la réhabilitation des réseaux existants, d'une part, et engager une réflexion pour la réalisation d'un maillon essentiel de lutte contre les inondations, d'autre part. « Il s'agit d'un ouvrage capable de drainer dans les meilleures conditions les eaux pluviales de ce bassin versant d'une superficie de près de 100 ha, caractérisé par de fortes pentes et un dénivelé important », souligne le responsable de la subdivision de l'hydraulique de Bab El Oued, Djili Boulounouar. Depuis septembre 2006, le groupement Bessac/Hydro-Technique est à pied d'œuvre pour la réalisation d'un dédoublement du collecteur Oued M'kacel, constitué d'un tunnel de 4 m de diamètre sur une longueur de 4706 m, prenant naissance du carrefour Baranès jusqu'au CHU Lamine Debaghine à Bab El Oued. Les 400 derniers mètres du collecteur, qui charriera les eaux pluviales jusqu'à la mer au niveau du stade Ferhani, seront réalisés – vu le dénivelé du terrain – à ciel ouvert. Des ouvrages de liaison sont prévus afin de raccorder au collecteur projeté les réseaux existants et les différents sous-bassins versants que sont oued Baranès, oued Sidi Medjbar, oued Frais Vallon, oued Scotto Nadal et oued Jaubert. Le groupement en charge des travaux met en œuvre les technologies les plus modernes pour les opérations souterraines. Gage de performance et de sécurité pour les opérateurs et pour l'environnement immédiat du chantier, le tunnel sera construit à l'aide d'un tunnelier de dernière génération, conçu et fabriqué dans l'usine de la société CSM Bessac, apprend-on. L'engin, qui pèse 180 tonnes, fonctionne associé à un train suiveur de 50 mètres de long et à un train de marinage. Le revêtement du collecteur sera constitué de voussoirs en béton armé préfabriqué. Actuellement, le groupement s'attelle au creusement des puits de travail pour permettre l'entrée et la sortie du matériel du terrain. « Neuf puits intermédiaires seront réalisés outre des puits d'accès qui permettent l'exploitation future de l'ouvrage », affirme notre interlocuteur, expliquant que l'ouvrage permettra de drainer jusqu'à la mer plus de 50 m3 d'eau/ seconde et mettre à l'abri la zone concernée d'une catastrophe. Enfin, le coût de la réalisation avoisine les 5,4 milliards de dinars, selon M. Djili.