Jamais une grève n'a joui d'autant de sympathie que celle des enseignants. Pourtant elle compromettait sérieusement la scolarité de nos enfants. Les parents d'élèves, dans leur grande majorité et hormis les habitués des salons ministériels, avaient compris le mouvement et l'ont largement plébiscité. Ils ont été particulièrement outrés par l'attitude arrogante et pleine de mépris du ministre de l'Education et du Chef du gouvernement. L'Histoire retiendra certainement la dignité des uns et la brutalité des autres. Dans certains milieux d'enseignants, le vent est à la colère et il se pourrait très bien que leurs collègues du primaire et du moyen arrivent à la rescousse. Ils parlent même d'un dossier noir qui serait constitué sur de nombreuses forfaitures de leur ministère. Comme cette histoire bizarre de ce sous-intendant qui a été nommé par Benbouzid au poste de directeur de l'Education d'une wilaya de l'intérieur du pays, cet intérim a duré des années et ce directeur s'y était distingué par des frasques inénarrables. Le wali de la région a failli s'étouffer de rage quand il a appris que son directeur de l'éducation s'était inscrit avec les candidats libres pour passer... son bac ! Cette nomination serait sous-tendue par un très gros scandale. Mais au-delà de toutes les gesticulations gouvernementales, l'opinion publique a surtout compris que le régime a paniqué devant cette nouvelle forme de contestation. Les gouvernants préfèrent de loin que la foule brise les vitres des APC et brûle des pneus sur la chaussée. Cette forme de protesta pourrait s'avérer dangereuse pour le pouvoir, d'autant plus que les enseignants ont décidé de choisir leurs propres représentants. Des hommes qui ne sont ni structurés, ni encadrés, ni canalisés. Le pouvoir vient de montrer clairement qu'il y a péril en sa demeure. Il est tout à fait compréhensible que tout soit entrepris pour que le million d'enseignants et de travailleurs du secteur ne s'organisent en dehors des structures de masse. Il s'agit, en fait, d'un million d'électeurs sans compter leurs familles.