Mutation ■ Longtemps considérée comme une cuisine de grand-mère dont les recettes sont jalousement gardées, la cuisine algérienne connaît, depuis quelques années, une véritable démocratisation. La généralisation de l'usage des nouvelles technologies de l'information et de la communication lui a incontestablement donné un nouveau souffle. Fini le temps où la préparation d'un plat aussi simple que la chakchouka nécessitait impérativement la présence d'une femme ayant l'expérience et le savoir-faire nécessaires. Aujourd'hui, quiconque est capable de cuisiner la plus compliquée des spécia-lités algériennes. Pour cela, il suffit de se connecter à Internet qui regorge de sites et de blogs dédiés à la cuisine algérienne. La plupart des recettes de chez nous y sont décrites et expliquées dans les moindres détails. Même les portails culinaires réputés leur consacrent de plus en plus d'espaces. Il faut dire que l'intérêt pour la cuisine algérienne grandit sans cesse, particulièrement de la part des Algériens établis à l'étranger. Ceux-ci figurent d'ailleurs parmi les internautes qui consultent le plus les sites s'intéressant à l'art culinaire algérien. Leur motivation ? «Apprendre à préparer des plats bien de chez nous est une façon parmi d'autres de garder le lien avec le bled», répond Mouloud, un natif d'Alger qui réside en Suisse depuis une dizaine d'années. «Ma mère m'a toujours préparé le pain kabyle depuis tout petit. En arrivant à Genève en 2003, j'ai dû m'en passer durant des années, car je n'avais personne pour me le préparer. Mais en me mariant en 2009, j'ai pu renouer avec ce délicieux pain. Ma femme, une Suissesse de souche pourtant, a vite appris à le préparer en visionnant des vidéos disponibles sur la Toile», poursuit-il. Outre Internet, les émissions culinaires diffusées par les chaînes de télévision ont permis de faire renaître ce riche patrimoine culinaire. Remise au goût du jour de recettes de grand-mère, valorisation des produits du terroir, présentation de nouvelles recettes «100% algériennes», ce genre d'émissions a, le moins que l'on puisse dire, redonné de l'intérêt à l'art de cuisiner local. La preuve en est les audiences qu'elles réalisent, notamment au cours du mois de ramadan. Cet engouement a été certainement derrière le lancement de la première émission de téléréalité culinaire en 2012 par la chaîne Echorouk TV. Se voulant «100% algérienne», cette version du programme Masterchef diffusée par la chaîne française TF1 s'est fixé comme objectif principal d'apporter un regard nouveau sur la cuisine algérienne.