Il n?y a qu?à voir le comportement de nos concitoyens envers les étrangers, notamment ceux qui viennent de pays africains. Il n?est pas bon d?être un homme ou une femme de couleur chez nous, des commentaires désobligeants poursuivent les «malheureux» partout où ils évoluent. Qui d?entre nous n?a pas surpris un regard mauvais au passage d?une personne de couleur ? Mais lorsqu?il s?agit d?un groupe qui discute tranquillement dans sa langue, les remarques fusent aussitôt, du genre : «Où se croient-ils pour être aussi décontractés ?» Comme si on voulait les voir raser les murs, en s?excusant presque d?être là. Gare aux jeunes filles qui se font «épingler» avec des étudiants africains, beaucoup l?ont appris à leurs dépens lorsqu?elles ont été traitées de tous les noms et confrontées à l?agressivité de jeunes Algériens qui ont pris le fait comme une traîtrise. Les choses ont d?ailleurs pris une autre proportion avec l?immigration clandestine, le fléau du sida aidant. «Je suis tout à fait d?accord avec les extrémistes de droite français qui sont contre la présence de Maghrébins dans leur pays. Il n?y a qu?à voir ce qui se passe chez nous avec tous ces Africains qui ont envahi notre pays et nous ont ramené toutes sortes de maladies, surtout le sida.» Celle qui s?exprime ainsi est une intellectuelle qui ne cache pas son aversion pour les expatriés de notre continent, allant jusqu?à apprécier le rejet auquel sont confrontés ailleurs nos concitoyens. Elle n?est pas la seule à avoir une telle attitude, certains étudiants se comportant de la même manière envers leurs camarades dans les universités. «Tu as la couleur de la tristesse» ont cru «philosopher» des potaches au détriment d?un Mauritanien qui le répète avec dépit à la seule amie qui lui manifeste de la sympathie. «Je voudrais savoir pourquoi tu te montres avec moi et tu me parles sans craindre d?être mise à l?écart par les autres», s?étonne-t-il. Depuis peu, ce sont les ressortissants chinois qui font les frais de notre ostracisme. Après le démarrage du programme de construction des logements Aadl, ils ont investi certains quartiers où ils résident pour être proches des chantiers. Là où ils vont, ils sont sujets aux moqueries, notamment dans les transports privés où les conducteurs et les receveurs font des plaisanteries douteuses en leur présence. Les Européens font, eux aussi, semble-t-il, les frais de ce genre de plaisanteries. «J?ai vu à l?aéroport des agents de sécurité se payer la tête de voyageurs occidentaux», raconte une jeune femme. L?Algérie était pourtant la destination préférée des touristes, mais apparemment, notre isolement ces dernières années a accentué notre xénophobie.