Interrogation ■ Qu'est ce qui fait que les Marocains et les Tunisiens arrivent à convaincre les firmes européennes de délocaliser chez eux et pas nous ? La crise économique que connaît l'Europe depuis quelques années a poussé de nombreuses entreprises à délocaliser une bonne partie de leurs activités en Afrique et en Asie, avec pour objectif de réduire leurs coûts de production et améliorer ainsi leur compétitivité. S'il est vrai que le phénomène n'est pas nouveau, en ce sens que les sociétés européennes ont toujours eu recours à la joint-venture, à l'externalisation ou encore à la sous-traitance, il n'en demeure pas moins qu'il s'est fortement accentué, ces derniers temps, du fait du marasme économique dans lequel se débat le vieux continent. Au début, la plupart avaient opté pour la Chine et l'Inde, notamment, en raison de la main-d'œuvre bon marché qui leur était proposée. Mais la donne a changé depuis que les salaires ont augmenté en Asie sous la pression des travailleurs et des organisations non gouvernementales (ONG). Ainsi, de grands groupes internationaux se sont tournés vers l'Afrique, qui offre de bien meilleures perspectives en termes de rentabilité et de bénéfices. Sans surprise, le choix des patrons s'est porté en premier lieu sur la région du Maghreb, en raison de sa proximité des marchés européens d'une part, et des conditions salariales et fiscales attrayantes qu'elle offre. Mais si le Maroc et la Tunisie ont largement profité de cet intérêt, ce n'est pas le cas de l'Algérie. En effet, notre pays n'a pas attiré beaucoup de délocalisations. Pourtant, les salaires ne sont pas plus élevés que chez nos voisins de l'Est et de l'Ouest. Idem pour la fiscalité. Aussi, la valeur du dinar algérien est inférieure à celle de son homologue tunisien et du dirham marocain, ce qui constitue un avantage non négligeable. Last but not least, le marché algérien ne manque pas d'intérêt, dans la mesure où il compte des millions de consommateurs. Comment expliquer une telle situation pour le moins paradoxale ? Qu'est ce qui fait que les Marocains et les Tunisiens arrivent à convaincre les firmes européennes de délocaliser chez eux et pas nous ? Avons-nous les moyens d'inverser la tendance ? Toutes ces questions et d'autres encore méritent d'être posées. Si l'on veut donner un nouveau souffle à notre économie et aider nos entreprises à acquérir le savoir-faire dont elles ont besoin pour aller de l'avant, l'on doit se pencher sérieusement sur ce problème. Le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, a raison de dire que notre position géographique et notre climat des affaires nous mettent «dans une position idéale pour pouvoir recevoir les projets de délocalisation». Seulement voilà, dans les faits, les choses se présentent autrement. Notre pays ne séduit pas les entreprises qui délocalisent.