Aberration n A titre illustratif de ce grand gâchis : Bouira. Plus de six cents locaux commerciaux à usage professionnel, réalisés et achevés depuis plusieurs mois dans cette wilaya, sont laissés à l'abandon… "C'est inadmissible de voir tous ces locaux, au nombre de 640, laissés à l'abandon et dont certains ont été saccagés», avait lancé le wali de Bouira, Nacer Mâskri, à l'adresse des chefs de daïra et des présidents des Assemblées populaires communales (APC) de la wilaya lors d'un conseil de wilaya. En effet, plusieurs dizaines de locaux commerciaux ont été attribués aux jeunes commerçants, mais demeurent toujours inexploités, notamment à Chorfa, Bechloul et Lakhdaria. Et le plus étonnant nous parvient d'un rapport présenté lors du conseil de wilaya par la commission chargée du dossier. «Beaucoup de jeunes commerçants préfèrent installer leur baraque de fortune pour vendre leurs produits que de s'installer dans ces locaux», relève ce document ! Un phénomène qui inquiète fortement du fait qu'il risque de contaminer et de s'amplifier à travers les différentes communes de la wilaya. D'autant que des dizaines de locaux commerciaux nouvellement construits dans le cadre des différents programmes de l'Etat destiné à lutter contre le commerce informel, demeurent toujours fermés et d'autres sont devenus un refuge pour les délinquants, notamment à Ath Mansour et à El-Adjiba. Face à cette situation qui prévaut dans plusieurs communes, dont Saharidj, Ath Mansour, Ahnif, El-Adjiba, El-Mokrani, le chef de l'exécutif s'est voulu ferme. Il a ainsi donné des instructions fermes aux différentes parties concernées par cette question pour agir «de façon à faire exploiter ces locaux ou les transférer pour abriter d'autres services». «J'attends toujours vos propositions pour l'exploitation ou le transfert de ces locaux, mais ça tarde à venir», a indiqué M. Maskri aux chefs de daira et aux présidents des APC. Selon les chiffres donnés par la même commission de wilaya, un total de 2 575 locaux à usage professionnel avaient été inscrits au profit de la wilaya, dont 2 344 achevés. D'après le rapport de ladite commission, plus de 1600 locaux ont été attribués à leurs bénéficiaires, dont seuls 507 sont exploités. Au moins 1130 autres sont toujours inexploités et 112 locaux ont été transférés pour les services publics (antennes administratives, siège communal, Agence de développement social). Plusieurs autres locaux commerciaux se trouvent dans un état de délabrement, ce qui nécessite l'engagement d'opérations de réhabilitation, alors que d'autres ont bénéficié d'un aménagement extérieur et de raccordement à l'énergie électrique, d'après les détails contenus dans le même rapport. L. S. Investisseur cherche terrain désespérément Parmi ce qui plombe l'acte d'investir : l'absence d'une banque de données sur l'ensemble des terrains relevant du domaine privé de l'Etat. Il s'agit, selon le directeur général des Domaines, Mohamed Himour, de l'un des principaux facteurs à l'origine des lenteurs d'octroi du foncier industriel. «L'accès à l'information est parmi les principaux éléments dans l'acte d'investir. Actuellement, nous avons un pro-blème de constitution d'une banque de données qui trace avec exactitude toutes les disponibilités en matière du foncier et des terrains», déclarait à ce propos M. Himour, qui était l'invité des débats du Forum des chefs d'entreprise (FCE). Aucune structure ne peut identifier le volume du foncier disponible, a fait savoir le même responsable, qui a reconnu que même l'administration des Domaines ne possède que des informations partielles sur les actifs résiduels et les terrains excédentaires dans les zones industrielles, ainsi que pour les terrains nus. Pour M. Himour, il existe un potentiel foncier au niveau des zones industrielles et des zones d'activités (ZAC), mais les collectivités locales, les agences foncières comme l'Aniref, ainsi que le secteur de l'industrie n'arrivent pas à l'identifier pour le réutiliser. Quant à la raison de l'absence de cette base de données, il l'a attribuée notamment au non-parachèvement de l'opération du cadastre général, qui devrait permettre de recenser tous les terrains relevant du domaine privé de l'Etat et de définir la vocation de ces terres. Devant être finalisé en 2016, ce cadastre a déjà permis d'identi-fier 250 millions d'hectares de terres sahariennes et steppiques et 17 millions d'hectares de terres rurales en 2015, selon les chiffres cités par le premier responsable des Domaines. L'inexistence d'une banque des données oblige même les services des Domaines à effectuer des enquêtes «porte à porte» à chaque demande de fon-cier à vocation industrielle. Ce qui retarde la procédure d'octroi des actes de concession. «Normalement, nous devrions disposer de cette banque qui permet à l'investisseur de choisir son terrain. Mais, malheureusement, nous sommes confrontés à une situation inverse, qui nous oblige à chercher un terrain à chaque fois qu'un investisseur dépose une demande au niveau des wilayas», a-t-il relevé. L. S. Sidi Bel Abbès : Le grand gâchis ! Le gâchis en termes de non-exploitation du foncier industriel dans la wilaya de Sidi Bel Abbès était aussi dans l'actua-lité durant ce mois de novembre. C'est ainsi que nous apprenions que cette wilaya de l'Ouest, qui jouit actuellement d'une disponibilité foncière estimée à 190 hectares, à Ras El Ma et au chef-lieu de la wilaya, demeure encore à la traîne en matière d'investissement, «en raison de dysfonctionnements multidimensionnels, en particulier sur le plan de la gestion du foncier industriel», selon de nombreux opérateurs locaux. Pourtant, avec ses deux zones industrielles (celles du chef-lieu de wilaya et de Telagh) et ses cinq zones d'activités (Ben Badis, Tenira, Sfisef, Mostfa Ben Brahim, Aïn El Berd), la wilaya de Sidi Bel Abbès recèle de grandes disponibilités foncières. Sans compter les actifs résiduels des anciennes entreprises publiques, ainsi que les actifs «dormants» disponibles en milieu urbain et suburbain. Selon un rapport de la direction des mines et de l'industrie (DMI), la superficie totale cessible de ce fonds est de 478 hectares, dont plus de 211 hectares comme superficie disponible. La zone industrielle (ZI) de Sidi Bel Abbès qui s'étend sur 494 hectares, compte à elle seule une superficie cessible de 434 hectares dont le taux d'occupation atteint 69%.