Résumé de la 2e partie n Après que Geneviève eut essayé à sa Léontine tout ce qu'on lui avait donné pour l'autre, elle ne voulut plus jamais les lui retirer. Je lui dirai que la mienne, c'est l'autre, dit-elle effrontément ; il ne l'a point vue depuis si longtemps ; il ne les démêlera pas ; des marmousettes si petites, ça n'a point encore de figure. Elle était si agissante, cette Geneviève, qu'elle faisait de sa mère et de son homme tout ce qu'elle voulait. – Laissez-moi donc, leur répétait-elle, embrouiller les affaires à mon idée. Nous garderons Léontine avec nous jusqu'à ce qu'elle soit grande, grande, en disant toujours aux bourgeois que l'air de Paris la ferait mourir. On nous la reprendra quelques années pour la rendre savante, et puis on la mariera avec un seigneur, et quand elle sera mariée et des écus pleins ses coffres, nous lui dirons qu'elle est notre fille, et elle nous fera demeurer avec elle dans la maison magnifique où ils m'ont fait venir. Pourvu que nous ne laissions point périr l'autre faute de soins, le bon Dieu n'aura rien à nous reprocher. Elle guetta si bien, l'éveillée, que, le jour où l'on entendit rouler le cabriolet du médecin, elle eut le temps d'envoyer dans les champs la grand'mère avec la Parisienne ; le médecin ne reconnut point Léontine sous ses bonnets à festons superbes ; il fit compliment à la nourrice des grosses joues et de la fraîcheur du poupon, et lui-même prit soin d'écrire aux parents de la petite Elfride que le nourrisson de la Geneviève prospérait à vue d'œil. Au bout de trois mois, le père de la Parisienne vint à son tour ; mais au bout de trois mois un enfant ne ressemble guère à ce qu'il est quand il sort du chou, et le pauvre monsieur partit content, sans avoir vu sa vraie fille, que Geneviève avait envoyée, sur les bras de la grand'mère, à Pervenchères. L'été suivant, la mère vint elle-même avec le père ; ils apportaient plein une voiture de joujoux, de robes pour l'enfant et de cadeaux pour la nourrice. Comme ils approchaient de la maison, ils virent devant la porte la grand'mère assise sur une bancelle, et elle tenait une petite fille assez pâlotte à qui elle donnait à téter un chiffon emmanché dans une bouteille pleine de lait. La mère tout émue sauta à bas de la voiture et courut à cette enfant. – Ma bonne femme, demanda-t-elle, est-ce que c'est là la petite Elfride ? A suivre Charles-Philippe de Chennevières-Pointel