Enjeux n La lutte contre les accidents de la route passe également par des études comportementales et psychologiques des usagers de la route. Le comportement de l'usager de la route est, dans la plupart des cas, la cause principale des accidents de la circulation. Des infrastructures routières mal adaptées viennent en dernière position dans les causes signalées en cas d'accident. Elles peuvent aggraver ou rendre plus probables ces accidents, mais elles ne sont pas à l'origine de cette hécatombe, d'où l'importance des études psychologiques et comportementales des usagers de la route, selon les experts présents au 1er séminaire international sur le thème «Etudes et comportement psychologique des usagers de la route», organisé la semaine dernière à Batna. L'urgence d'une telle approche n'est plus à prouver, au vu des statistiques, qui relèvent que 90% des accidents de la route, recensés annuellement, sont causés par le facteur humain. Le directeur du laboratoire de recherche en psychologie des usagers de la route de l'université de Batna insiste sur la nécessité d'introduire la culture de circulation routière dans le système éducatif, dès le palier primaire, dans l'objectif d'inculquer aux élèves les bases de la conduite en sécurité. Dr Mohamed-El Hadi Rahal Gharbi affirme avoir émis des suggestions dans ce sens au ministère de l'Education nationale. Ces propositions sont basées sur des études effectuées sur le terrain, notamment l'analyse des comportements des usagers de la route faite par le laboratoire qu'il dirige, l'unique en Algérie et dans le monde arabe. L'urgence de réduire cette hécatombe qui sévit sur nos routes passe aussi par le développement de la formation et de l'humain à travers la vulgarisation de la culture de circulation routière dans toute la société. Dans ce cadre, les observateurs et les experts ne peuvent s'empêcher de rappeler l'expérience suédoise en la matière. Celle-ci a pour objectif d'atteindre zéro décès sur les routes à l'horizon 2020, et ce, grâce au développement humain, qui a contribué à réduire actuellement le nombre des victimes des accidents de la circulation à près de 40 décès signalés annuellement pour 100 000 habitants, contre près de 75 victimes pour 100 000 habitants dans les pays arabes. En Algérie, plus de 4 000 personnes périssent chaque année sur les routes, soit 12 morts/jour, selon la présidente d'une unité de recherche au laboratoire de psychologie des usagers de la route. Hanifa Salhi a appelé, au vu de ce chiffre, qu'elle qualifie «d'effrayant» à la création d'un réseau comprenant toutes les approches relatives aux accidents de la circulation. Ce réseau impliquerait tous les secteurs et acteurs pouvant participer à la sensibilisation et à la prévention pour arriver à une sécurité routière réelle à l'échelle nationale. Pour cette experte, seule une mobilisation permanente et une sensibilisation accrue pourrait parer aux conséquences dramatiques des accidents de la route.