Décès n Il nous a quittés, il y a une semaine. Ali Senane était un des piliers de la défense du MC Alger des années 60. Ce texte lui rend hommage, notamment en contant son dernier match sous les couleurs Vert et Rouge. «Khouya Ali», comme il aimait l'entendre dire, était le pilier, avec Metrah, de l'axe central du Doyen des clubs algériens. Le Mouloudia d'Alger était considéré, en 1965-66 comme l'équipe qui pratiquait le meilleur football, tant sur le plan technique que sur le plan tactique. En recevant le MC Oran pour le compte du dernier match-aller du championnat, la veille de la fête de l'Aïd El-fitr, le MCA comptait prendre les commandes du classement. Les Oranais, en solides leaders, étaient en confiance. Le match fut âprement disputé à la limite de la correction, l'ailier Oranais Boudjellal sera à la suite d'un choc avec le rugueux Metrah évacué à l'hôpital Mustapha Bacha. Le score à la mi-temps était de zéro partout. A la reprise et à la surprise générale, le MCO ouvre le score par l'intermédiaire de Bellabes d'un tir sec qui a eu raison de la vigilance de l'excellent Zerga. La galerie mouloudéenne est inquiète, elle porte de la voix les joueurs et c'est ainsi que Zoubir Aouedj parvienne à égaliser peu avant l'heure de jeu. Le match redouble d'intensité dans un stade municipal qui vibre. Ali Senane, impérial dirige sa défense, alors que dans l'autre camp, c'est Bediar en véritable chef d'orchestre oriente ses coéquipiers. Le match se déroule normalement, et c'est alors que des choses apparaissent, le jeu devient de plus en plus serré, Loucif du MCA et Meguenine du MCO sont expulsés. Aouedj est partout, tantôt en attaque, tantôt en défense et finit par tromper pour la seconde fois la vigilance du portier Larbi permettant au Doyen de glaner les trois points du match et le fauteuil de leader. Mais voilà qu'au sifflet final, de graves incidents éclatent suite à l'envahissement du terrain par les supporters des deux équipes. Conséquence : le Mouloudia d'Alger est mis à l'index et écope d'une sanction extrême qui entraîne inéluctablement sa relégation en division inférieure (division d'honneur) et la radiation à vie, par le ministère de la jeunesse et des sports de l'époque (Sadek Batel en était le ministre) de quatre joueurs que sont Zerga, Metrah, Senane et Marouf. A ses sanctions s'ajoutent les blessures des attaquants internationaux Lemoui et Bouras. Le MCA se verra privé d'une demi-finale de Coupe d'Algérie contre le MC Saïda. Vidé et achevé par cette décision irresponsable, le club algérois ne pourra se maintenir parmi l'élite en se classant à la 14ème place. Ce fut une fin triste pour Khouya Ali qui ne se remettra plus de cette saison 1965-66, qui restera gravée dans tous les mémoires. DE manière courageuse, les dirigeants du MCA ne vont pas abdiquer et redoublèrent d'efforts et de sacrifices pour faire émerger une nouvelle génération de footballeurs. C'est comme cela que seront découverts les Omar Si Chaïb, Kaoua, Tahir, Bachi, Zerrouk, Berkani, Maloufi, Bousseloub, Betrouni, Chouchi et bien d'autres. La saison 1975-76 aura été l'apothéose (triplé Championnat, Coupe d'Algérie et Coupe d'Afrique) pour le MCA et au grand bonheur d'Ali Senane et tous ces anciens joueurs qui rêvaient de voir le club très haut. Comme leurs ainés, les grands dirigeants qu'étaient les Aouf, Djaout, Derriche, Djazouli, Ballamane, Drif, Hassena, Tapioka, tout comme les joueurs toutes générations confondues comme les Abtouche, Kerarsi, Haddad, Laribi, Bourkika, Missoum, Deguigui, Dahmoun, Hahad, Hamadi, Abdelaoui, Aouadj, Aoufi, Lahmar, Draoui, Atbi, ont écrit les plus belles pages de l'histoire du MCA. Ali Senane, qui nous a quitté sur le pointe des pieds, il y a une semaine, a eu sa part de plume à travers ses performances et ses sacrifices pour élever très haut les couleurs du club. Que Khouya Ali repose en paix et que Dieu Le Miséricordieux puisse l'accueillir en son vaste Paradis.