Symptôme Ce qui s?est passé lundi dernier n?est pas un fait banal. Les actes de violence et de vandalisme perpétrés contre les personnes et les biens de paisibles citoyens sont l?expression d?un mal profond. Si les autorités et le pouvoir algérien sont convaincus que le terrorisme est vaincu et amorce sa phase résiduelle, la violence tout court ne cesse de monter de manière inquiétante au sein de la société. Il n?y a qu?à consulter les chiffres et autres statistiques de la gendarmerie et de la sûreté nationale pour se rendre à l?évidence : la violence est bien présente. Elle n?est ni propre à l?Algérie, et n?est pas le monopole des supporters de tel ou tel club, comme le soutiennent certains adeptes de raccourcis, mais elle est partout. A Alger, on la constate à chaque match, qu?il soit de la Nationale I ou des divisions inférieures. Elle agit de plusieurs manières, car si elle n?est pas physique, elle est toujours verbale. L?Europe, qui s?offusque en ce moment de la montée de la violence raciale, y compris la paisible Suisse, s?organise, se mobilise et l?on s?attend à des décisions importantes dans différents pays pour lutter contre ce fléau qui ronge le football. Est-ce le cas chez nous ? Plusieurs incidents ont eu lieu à travers le pays. A Constantine récemment, un camion de bières a été carrément assiégé et a vu sa marchandise subtilisée par des bambins ne dépassant pas les dix-douze ans ; l?insécurité a longtemps régné en maître mot au stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou, des actes de vandalisme et d?agressions sont régulièrement signalés par la presse à l?issue de chaque week-end de championnat. Au 5-Juillet, cela devient une habitude : la fin de chaque rencontre est l?occasion, pour des dizaines de jeunes, munis de couteaux et autres «armes», sous l?effet de psychotropes ou barbituriques pour la plupart, de s?adonner à leur sport favori : la violence. Et à ce jeu, personne n?est épargné. La situation empire de match en match devant le laxisme des pouvoirs publics, minimisant souvent les conséquences de tels actes, l?absence des clubs sur le plan de la sensibilisation et de la prise en charge des supporters et les négligences des organisateurs et autres responsables de stades à offrir de meilleures conditions aux amateurs de la balle ronde. Ne parlons pas de la défaillance des parents ou de l?école, ni de la responsabilité de certains titres de presse qui cultivent la violence à travers des écrits incitateurs ou des appels à la haine carrément. Si l?Etat a réussi à canaliser un certain discours fanatique dans les mosquées, il ferait bien de s?attaquer aux pyromanes embusqués derrière leurs plumes ou ces dirigeants et autres acteurs qui ne ratent pas l?occasion de mettre de l?huile sur le feu. Les descentes musclées des supporters après la défaite de leur équipe, les menaces, les agressions et autres tentatives d?intimidation sont devenues le quotidien de notre football. Malheureusement, le mal n?est pas circonscrit à cette simple sphère ronde, mais se propage au reste de la société. Le stade est, depuis longtemps, le défouloir de milliers de jeunes et moins jeunes, voire de certains adultes loin de donner l?exemple. Des tonnes d?études ont été menées sur ces phénomènes de société et ont toutes la particularité de confirmer que le football, par ses origines et sa structure, reste la parabole la plus fidèle de la vie et de la société, d?où sa popularité, dit-on. C?est aussi le sport collectif qui, de façon mécanique et continue, échange le plus avec son environnement, d?où sa dangerosité. Tout le monde est donc averti.