Le grand ayatollah Ali Montazeri, que l'imam Khomeyni avait choisi comme successeur, n'est pas allé déposer son bulletin dans l'urne à Qom, son fief. Derrière une pile de livres, une calotte grise sur la tête, le plus important religieux dissident stigmatise les acquis du régime. «Bien sûr que Khomeyni ne serait pas content s'il revenait aujourd'hui en Iran, déclare-t-il. Les promesses que nous avons faites aux Iraniens, il y a vingt-cinq ans, de leur offrir la liberté et l'autosuffisance économique n'ont pas été tenues. Khomeyni disait que même les communistes devaient disposer d'une liberté de parole. Où est-elle aujourd'hui en Iran ?» Tombé en disgrâce à la fin des années 1980 pour avoir critiqué la République islamique, Ali Montazeri, âgé de 84 ans, a retrouvé la liberté en 2003, après cinq années de résidence surveillée. Il reste toutefois dans le collimateur des durs qui dirigent l'Iran. «La manière dont on me traite n'est pas correcte, regrette-t-il. Comment peut-on parler de démocratie ? Mon école à Qom est fermée depuis huit ans, mes bureaux à Mashad et à Ispahan aussi, et les responsables du pays veulent les confisquer au profit du clergé du tribunal spécial (qui juge les opposants comme lui). S'ils me font ça, imaginez ce qu'ils peuvent faire au commun des mortels», constate avec dépit l'ancien compagnon de route du «guide» de la Révolution.